Si l'an de grâce et de paix -20 durant lequel furent signé les accords de paix entre les peuples de l'air et de l'eau engendra une forte hausse des naissances dans ces deux nations, certaines unions scellées durant le conflit eurent la chance d'offrir à leur descendance un monde en paix dés ses premières heures.
Ce fut le cas de Morgan et Hilda Sifhalla qui quelques années après avoir obtenu leur premier fils par la grâce de Seda virent naitre le second, à l'instant même ou les souverains se rencontraient pour assurer l'avenir de leurs nations. L'enfant fut nommé Alarik en hommage à une paix qui après tant de massacres et de pertes, devait régner éternellement.
An -20/An-5 - Mer australeLa mer australe, merveille des quatre royaumes aux frontière du rêve et de la réalité, aux frontière d'Ysyra et de Ciend, libre pensée et pacifisme, morceau du paradis offert des dieux à leurs enfants. Si la famille jouissait d'un bonheur confortable au coeur du petit village, Alarik contrairement à son ainé et à la plus grande partie de la population locale, sembla très tôt doté de l'arrogance propre à la noblesse provinciale et de la cruauté de son jeune age, un gros poisson dans une petite mare. Élevé à l’abri du besoin, couvé comme un prince dans un mode de vie libéré d'après guerre, Alarik s'encanailla, voué à un vice et à une corruption de plus en plus palpable au fil des lunes. Il était un véritable fléau en devenir ignorant toute notion de valeur des choses jusqu'au sens même du respect, jusqu'au jour fatidique où le destin frappa comme il le faisait le mieux. Il fut cruel, illogique, impartiale et sans la moindre once de pitié.
La famille était réunie ce soir la, Alarik venait juste de recevoir les réprimandes de sa mère, la correction de son père et de repousser le réconfort offert par son frère. S'il n'avait jamais put supporter ce dernier, sans doute était-ce que le simple fait de poser les yeux sur un être d'une telle bonté ne pouvait que mettre en valeur les défauts les plus réducteurs qu'il logeait au plus profond de lui. Si sous la lune quatre personne prirent le chemin du sommeil, cinq étaient présentes dans la demeure des Sifhalla.
Une ombre, un spectre, une horde de péchés et de sadisme s'était faufilée, glissée entre les meubles, laissant dans son sillage une trainée de poix et d'alcool. Silencieusement, le serpent avait condamné toutes les issues, il s'était préparé et avait observé longtemps avant de passer à l’acte, pour les habitants, l'odieux piège était clos. Lorsqu'enfin il prit place sur le long banc recouvert d'étoffes locales, il alluma un feu crépitant dans la cheminée lui faisant face. Avait-il à ce moment décidé de mourir avec ses victimes, ou son instinct vicié le poussait-il à être spectateur de son crime au premier rang de la souffrance ? Nul n'aurait sut le dire. Très vite, le foyer commença à vomir un ballet de flammes colorées s'emparant de tout, rongeant les crédences, s'engouffrant dans les layettes et léchant les toiles dans leur course inexorable vers le plafond. Dansantes et sifflantes, elle vinrent mordre et fondre la chair de ceux qui quittaient leurs rêves pour un cauchemar bien réel au cœur d'un opaque nuage de fumée noire et toxique qui déjà s'échappait du bâtiment, nul ici ne survécut.
Qu'en était-il d'Alarik ? Cette histoire ne saurait être si lui aussi perdit la vie dans ce tragique accident. Bien entendu, ce ne fut pas le cas, dans l'esprit rebelle d'une jeunesse indomptable, il avait discrètement fuit le toit de son père quelques heures plus tôt à la faveur de la lune et de gorgées d'hydromels prohibés. S'il ne prit conscience d'avoir perdu les réels fondements d'une vie qu'il gâchait que le lendemain, l'image de la maison en flamme persistait pourtant inexplicablement dans ses souvenirs embrumés par l'alcool. Ses derniers gestes avaient étés voués à repousser sa famille, ce fut pourtant elle qui continua à veiller sur lui.
Alarik Sifhalla fut recueillit par son oncle à Falcon.
An -5/An -1 -Falcon A Falcon, privé d'une mer australe dont il n'avait jamais sut profiter lorsqu'il en était temps, Alarik plongea dans une période sombre et reclus, piégé dans son incapacité à assimiler la disparition des siens. Soumis à la volonté de son oncle vétéran de guerre, il subit péniblement son nouveau train de vie strict et très encadré. Le jeune adolescent gâté et capricieux est forcé aux concessions, son attitude désinvolte et nonchalante ne fait pourtant qu'attiser la haine et le mépris de son tuteur. Gagnant en charisme et en finesse avec l'age, il aimait particulièrement se vanter de faits d'armes aussi glorieux qu'imaginaires, jouant sur son aspect "garçon de la campagne" pour séduire les catins locales et saltimbanque de passage dans la capitale. Ce genre de péché n'apportant rien d'autre qu'une honte indélébile sur sa famille fut sa dernière ligne d'erreur dans la cité aérienne, son oncle, dépassé par un tel manque de respect pour son propre sang propulsa son neveu à ses côtés au cœurs de batailles frontalières parallèlement aux activités de la guilde des mercenaires. S'il s'agissait d'un traitement dur et brutal, d'un changement de registre aux effets incertain, Alarik y appris beaucoup de choses sur lui même, une introspection au cours de laquelle il découvrit son étonnant sortilège. C'est au cours d'un court affrontement contre une bande de bandits vers la région des templiers qu'oncle et neveu se retrouvèrent isolés. Par manque d’expérience, d'assurance et de métier, Alarik ne savait pas comment réagir face à la flèche plantée dans le torse de son tuteur. Désespéré et en proie aux angoisse, il avait commencé à prier Ciend en tenant la tête du pauvre homme entre ses mains. Le miracle opéra, à mi-chemin entre lumière et fumée, des petits volutes apparurent de sous ses paumes. La blessure causée par la flèche maladroitement arrachée se refermait alors qu'Alarik faiblissait. Peu à peu, la blessure était transférée et l'oncle reprenait connaissance pour être témoin du miracle. En quelques minutes les maux s'en étaient allés, le jeune Alarik mit ceci sur le dos du divin Ciend, mais son oncle amusé par une telle naïveté le força à réitérer l'exploit, heureux d'avoir finalement trouvé un talent chez ce bon à rien de neveu.
Ce fut sa dernière bataille en l’état, de retour à Falcon et sur la voie du changement, Alarik entra dans la guilde religieuse en tant que guérisseur. Indépendant mais trop instable selon son oncle dont il avait obtenu confiance et fierté, il fut confié à une famille noble de Seda et devint pupille du bien connu Meriaval.
An -1/An 0 -Charmon Charmon, sublime cité entourées de grands espaces verdoyants si chers à Alarik, aux chutes d'eau dont le grondement permanent lui rappelait agréablement sa mer australe natale. Discret, timide, jeune guérisseur impressionné par la prestance de Meriaval, son intégration ne fut pas une mince affaire. Il était une plante nouvelle, sans fleur sous un autre ciel, officiant à la chapelle comme guérisseur et assurant auprès de lui un service assidue en échange d'un enseignement diversifié même si inhabituel. Meriaval lui parlait de la guerre pour lui expliquer la paix, il lui montrait la haine pour lui expliquer l'amour, il lui parlait d'Adrietha son épouse alternant régulièrement entre philosophie, politique et armes.
conservée dans une pureté de cœur et une noblesse d'âme toute récente par les religieux comme par son maitre, Alarik devenait peu à peu un nouvel homme, attachant une grande importance à son devoir, au point de s'illustrer à ses premières joutes lors d'épreuves montées contre quintaines. Sa vie aurait put se stabiliser, Adrietha lors de cette première année tenait plus du principe que de la femme, particulièrement impliquée dans un projet qui semblait prendre tout son temps, pourtant, encore une fois, les dieux prouvèrent qu'ils ne se contentaient ni des fins heureuse ni des banalités d'une vie monotone.
Lors de la première lune de l'an 0, le nom d'Alarik Siffhalla loin d'être sur toute les bouches était cependant connus par beaucoup, les connotations de bonté et de soins efficaces remplaçant la haine qu'il inspirait il y a bien des années de cela. Envoyé par ses supérieurs religieux pour soulager une commerçante de ses maux lors d'une nuit de pleine lune, il arriva chez sa patiente suivant ses nouvelles habitudes, dans une bure modeste il avait interrogé le voisinage à son sujet avant de franchir le seuil de sa porte. La femme était blessée aux bras et alitée, son époux penché contre elle avait semblait-il été obligée de droguer la pauvre pour calmer sa folie. Sans un mot, Alarik échangea sa place avec le mari bouleversé, d'une main, il toucha le front glacial et brulant à la fois de sa patiente. Méthodique, il avait immédiatement pensé aux symptôme d'une quelconque folie ou dépression, mais les détails obtenus lors de sa courte enquête ne concordait pas avec cette conclusion précoce. Il avait demandé à ce qu'on lui bande les bras avant de commencer une prière à Ciend. a lune était pleine et puissante aussi le charme n'eut aucun mal à fonctionner, la lueur lumineuse issue des paumes du guérisseur libérèrent la femme de ses blessures, des effets de la drogue et d'autre chose d'indéfinissable pour le moment. Elle ouvrit les yeux alors que ceux d'Alarik se fermaient.
Le guérisseur s'était réveillé moins d'une heure plus tard, étendu sur un drap blanc et chaud, placé la par le couple surement. Sans se lever, il examina ses bras dont les bandages étaient entièrement tachés par le sang. D'un geste lent alors que le maitre de maison et sa femme revenaient vers lui, il retira les pansements souillés et massa ses membres dénués de toute blessure sous les yeux ébahis des amants. Après s'être excusé pour s'être assoupi au delà du nécessaire, il les quitta moyennent un paiement offert de bon cœur à l'intention de la guilde. Il lui fallut alors attendre la prochaine lui pour se rendre compte qu'il n'était plus seul, dans son esprit lié par les mystères de la magie, se retrouvait coincé les pensées d'un fantôme qui possédait sa patiente, le tourment allait alors commencer pour Alarik qui chaque fois qu'il fermait les yeux était témoin d'images de crimes atroces d'avant et d'après guerre commis par la bête spectrale enfermée en lui.
Harold, son nom était Harold un vétéran de la guerre entre Ciend et Ysyra qui jouissait d'un plaisir malsain en attisant les tensions entre les hommes, qui étanchait son vice en encourageant la guerre entre les peuples. Maudit des dieux et des siens, il avait fini par trouvé la mort brûlé vif dans ses propres excréments après une longue vie trop remplie. Il était artiste à sa façon, entreprenant après la guerre de dépecer les plus belles vierges de Ciend, ne laissant avec leur dépouille qu'un tableau de leur visage souriant réalisé avec leur propre sang. Chaque seconde qui passait, a chaque mouvement, à chaque battement de son cœur, Alarik le sentait, leur pensées se mêlaient ses murmures le hantaient. Cette possession contre nature semblait irréversible, la magie lunaire semblait les avoir uni pour toujours. Ni ses pouvoirs ni ceux du clergé ne semblaient pouvoir l'aider, il n'en avait pas parler à Meriaval par honte et peur d'être renvoyé ou tout simplement délaissé par l'homme qui partait de plus en plus souvent en voyage avec sa compagne. Pire encore, chaque fois qu'il s'endormait, il le sentait gagner du terrain jusqu'à prendre partiellement le contrôle de son corps. Épuisé, assombri et irritable, Alarik n'était plus en mesure d'exercer sa profession et manqua même d'être renvoyé de la guilde religieuse qui tenait une place si importante dans sa nouvelle vie. Désespéré, il n'eut d'autre choix que d'affronter peur et honte en parlant à Meriaval.
Vint alors celle dont le nom ne pouvait être prononcé qu'avec amour, avatar de l'espoir bénie des quatre. C'était la première fois qu'elle semblait prendre pleinement conscience de l'existence de l'élève de son époux et pourtant, oui pourtant elle posa sur lui un regard que seule une mère peux poser sur son enfant. Calmant les tourments contre son sein, chassant l'angoisse de sa voix apaisante, Adrietha pris sur elle de l'aider personnellement, assurant que les choses iraient mieux, nul à ce moment n'aurait put douter de cette promesse.
Le travail fut long et personnel si la dame pouvait lui montrer la voix il était le seul en mesure de s'y engager. Lunes et décades passèrent, discipline et méditation furent exercés de sorte à ce qu'au final, Alarik soit en mesure de réduire la présence hostile à une simple voix intérieur incapable de prendre possession de son corps sans son aval. Ce nouveau succès personnel fut couronné par la nomination du pupille au rang de témoin devant les dieux, du mariage de son maitre et d'Adrietha au sein de la cité en croissance perpétuelle. Nous sommes alors en l'an 0 et Alarik suit le couple à Carathiel, au cœur de la région des templiers.
An 0/An 4 -Carathiel A Charmon le temps s'écoulait différemment, comme si la cité toute entière était préservée du reste du monde par une bulle invisible et paisible produite par l'essence même de la vie locale. A Carathiel les choses étaient pourtant bien différente, si la majestueuse citée royale s'élevait haut sous le ciel la terre semblait plus puissante, comme capable de happer ceux qui la foulaient du pied. L'esprit terre à terre et le caractère terre à terre de ses habitants rendirent une fois de plus l'intégration du rêveur de Ciend plus délicate. Pourtant une fois encore, Alarik parvint à y trouver son compte, du tempérament joyeux des nains à la beauté et la grâce des elfes, la région des templier était gardienne de bien des trésors pour celui qui prenait le temps de l'observer.
Bien qu'il souhaita dans un premier temps se familiariser avec les offices locales de la guilde religieuse, Alarik était comme l'ombre du couple, et c'est à un elfe, le nouveau monarque Elros Orodreth qu'il fut introduit par Adrietha elle même intégrée à la cour royale. Le travail continuait, Meriaval et lui même suivaient la voix d'Adrietha, prêchant ses idées, pénétrant l'âme de ceux qui prêtaient l'oreille à la paix sans pour autant blâmer ceux qui se montraient indifférents ou même hostiles. Les relation entre le pupille et son maitre avaient changé, ils avaient passé le statut de confidents l'un pour l'autre pour marcher comme des frères dans leur mission et affronter les obstacles rencontrés. Elle avait pourtant quelque chose qu'eux n'avaient pas, un souffle divin, une inspiration issue des cieux, une sorte d'emprise surnaturelle sur le peuple et les rois peu importe leur provenance ou leur genre. Alarik se souviendra éternellement de cette nuit de doute sous le regard de Seda, ou Meriaval lui confia son angoisse. Qu'adviendrait-il de leurs rêves si quelque chose venait à arriver à son épouse ? Nul ici, ni eux ni d'autres ne seraient en mesure de prendre la place de celle qui était comparée à feu la reine Anel par Elros lui même.
Les événement s’accéléraient au fur et à mesure de l'évolution d'un certain engouement pour les idées d'Adrietha. Il n'était pas seulement question de paix, il ne s'agissait pas d'une utopie naïve. Toute la subtilité du projet résidait dans une organisation prévoyante et précise ne laissant rien au hasard, n'oubliant personne, englobant le monde entier dans une union pour un avenir meilleur. Le partage, le commerce, tant de liens à tisser qui une fois scellés étaient censés rendre tout conflit impossible à envisager même pour le plus belliqueux des esprits. Très vite l'idée avait commencé à prendre forme. si autrefois le seul moyen d'unir deux nations était de leur offrir un ennemi commun, il était sans le moindre doute possible de rallier les quatre nations de manière bien moins éphémère en leur proposant une alliée commune, est-il utile de préciser le nom qui était sur toute les lèvres à la simple évocation de cette idée ? C'est ainsi qu'alors que Meriaval continuait son œuvre, qu'Alarik montait dans l'estime de la guilde religieuse pour appuyer son ami et qu'Adrietha vouait la moindre parcelle de son temps à la politique en rencontrant les souverains, que les dieux prirent leur décision.
Nous sommes en l'an 4 et Adrietha devient reine par ses idées de Charmon. Sous la benediction de cette dernière et de Meriaval, Alarik sifhalla devient croisé de la guilde et chevalier d'adrietha, une épée lui est offerte par la reine. Miséricorde, lame de pureté venait de naitre par les vœux de foi, de dévotion, de courage et de volonté de celui qui la manierait pour assurer la paix.
An 4/An 6 La catastrophe de l’effondrement d'un monde Il y étaient ! Ils avaient réussi ! Jamais le monde n'aura été aussi beau, jamais l'air ne parut aussi pur, jamais la reine Adrietha ne serait aussi belle. La liesse engendrée par le couronnement surpassait celle de la fin des combats, le monde semblait nouveau changé, à redécouvrir entièrement. La vie restait la même, les problèmes de tous ne s'étaient pas miraculeusement envolés, non. Mais quelque chose venait de disparaitre, une cloche d'angoisse qui obscurcissait le ciel, un masque sur chaque visage qui venait de tomber. Alarik compris personellement une nouvelle chose, la seule façon d'unir les peuples réside en l'autorité d'une seule et unique figure superieur, il ne s'agit pas de religion mais d'un être terrestre capable de les lier dans la lumière. Impossible pour le moment d’appréhender les événements et leurs conséquences dans leur globalité, la seule chose certaine était que tout ne faisait que commencer. Comme Adrietha l'avait elle-même dit, la première pierre vient à peine d'être posée et l'avenir ne saurait être construit si tous n'apportaient pas l'effort nécessaire. De nouvelles joutes, des spectacles, des chants et contes, pourtant un détail n'échappait pas à ceux qui savaient regarder. Surement épuisée par l'an 4 qui marqua son sacrement et le travail d'une vie pesant sur ses épaules, Adrietha avait quelque chose de changé. Son nouveau poste l'avait éloignée d'Alarik qui n'osait parler de ses inquiétudes à un Meriaval déjà très empathique. Bien que paisible, elle agissait d'une manière étrange, cachait certaines choses à son entourage, s'isolait durant de longues heures dans ses appartements ou se perdait solitaire dans les prairies de Charmon. Lorsque Alarik lui fit part de son inquiétude, elle s'était contenté d'un sourire toujours aussi merveilleux, assurant comme toujours que tout allait bien se passer. Le croisé dans son devoir pris la route de Ciend durant les dernières décades de Tredë sur cette fin d'année. Un nouveau souverain était monté sur le trône, il avait entendu parlé de Drew Dograg par le biais de rumeur concernant des enrôlements de forces. Si Adrietha l'avait rencontré, elle avait préféré laisser le croisé juger de la politique de sa terre natale par lui même.
Jamais Rudë n'avait été aussi glaciale, mordant pour la chair et les os comme comme si Oshury lui même avait décider de faire du froid son nouvel élément. Plus essoufflé que sa monture lancée au delà de ses limites, Alarik avait traversé le monde figé séparant Charmon de Falcon sans regarder en arrière. Tant pis pour la mer australe, tant pis pour la nation, tant pis pour tout le reste. Il ne pouvait s'y résoudre, il ne pouvait l'accepter Harold lui même ne pouvait prononcer le moindre mot dans les limbes de son esprit. La nouvelle était tombée, portée par un colombe trahissant son symbole.
Adrietha a disparu!
Combien de temps avant que tous ne le sachent ? Combien de temps avant le chaos ? Il avait traversé Charmon d'une traite se précipitant au mépris du protocole vers son ami Meriaval. Et il le trouva. Le consort effondré gisait tel une ombre de lui même dans les appartements de la reine. Il ne parlait pas, il ne la pleurait pas, il se contentait d'être présent alors qu'Alarik n'osait lui parler. Quand enfin l'homme se tourna vers lui, il se contenta de deux uniques questions. Où étais-je ? Où étais-tu ? Le malaise qui s'en suivit ne saurait être décrit par de simples mots. La discussion s’éleva, la tension monta, les deux hommes finirent par en venir aux mains mais si elle n'était pas là, sa présence et sa voix était imprimée dans leur âme. Aussi les deux amis finirent dans les bras de l'autre, Alarik mesurait son chagrin en l'écoutant parler, il savait à quel point Meriaval aimait sa femme avant même qu'elle ne devienne un symbole d'espoir. Il savait qu'il ne pourrait jamais comprendre sa douleur, il savait qu'une fois qu'il l'aurait quitté, il ne pourrait plus jamais soutenir son regard.
La reine leur avait appris à se montrer fort, et ils l'étaient. Séparés par la déchirure, Alarik était dans la foule et Meriaval à l'emplacement tant utilisé par la disparue. Le consort avait parlé au peuple. Un discours triste parsemé d'un espoir à l'arrière-gout d'angoisse, ses quelques mots étaient voués à traverser les frontières, à résonner à jamais dans l'esprit des fidèles.
"Aidez moi." Il avait parlé de changer le monde, il s'était adressé à tous sans la moindre distinction de genre ou de classe comme Adrietha l'aurait fait. Alarik le regarda pour la dernière fois. Le soir même, il était reparti sur la route, à la recherche de sa reine, à la recherche de lui même. La disparition de Meriaval quelques temps plus tard ne put en ajouter à un chagrin déjà à son paroxysme. La détermination du croisé était faite, inébranlable. Il avait juré devant les dieux que sa vie ne s’achèverait que dans l'accomplissement de la volonté d'Adrietha...
Lettre au haut prêtre de Ciend - An-6 Dernière lune de Tredë
Mon seigneur, mon père,
De l'aide de mes frères à mon intégration dans les ordres à l'union de nos branches sous la bénédiction d'Adrietha, je n'ai au court de mes voyages trouvé de mouvement aussi lumineux et bienfaisant pour l'ensemble des peuples que notre guilde religieuse.
Il est cependant des événements qui réclament de notre part une action plus poussée, plus personnelle. Il est bien sur ici question des disparition de la reine Adrietha et du seigneur Meriaval dont nous avons déjà longuement parlé. La décision que je m'apprête à soumettre à votre bénédiction concerne également le récent décès de sa majesté Elros roi de Seda. Vous avez surement vous aussi entendu les rumeurs suite à la conduite et aux mots prononcé par celui qui abrita le peuple des quatre couronnes sous son toit à Charmon, un discours dérangeant et prémonitoire que nous ne pouvons attribuer qu'à une connaissance approfondie d'un complot en cours. En effet, j'accuse un mal profond, un ennemi bien réel bien qu'absent sous la lumière. Je l'accuse de nos maux passés, je l'accuse de nos maux à venir, je l'accuse de meurtrir l'espoir, je l'accuse d'être responsable de la disparition d'Adrietha et Meriaval, je l'accuse d'être responsable du trépas d'Elros, je l'accuse d'être notre perte, notre fin.
Si mes vœux dévotion font de moi un protecteur de notre sainte cathédrale, ils font avant tout de ma foi et de ma lame les défenseurs de l’œuvre des dieux. C'est dans cette optique de protection de tout ce qui est cher à nos yeux, de tout ce que les quatre nous ont offert que je quitte Falcon cette nuit même pour reprendre la route. Si ma quête pour retrouver Adrietha s'est montrée vaine c'est que mon chemin était guidé par une lumière inexistante, c'est à présent vers un ombre omniprésente que je m'apprête à m'engager. Pour notre salut à tous, à la mémoire de nos disparus et à la gloire des divins.
-Croisé Alarik Sifhalla