Ô Douce Soirée | Événement

Ô Douce Soirée

Les Membres - Luxueuse Demeure

Aujourd'hui était un nouveau jour. Un jour pas tellement comme les autres car aujourd'hui, sa demeure deviendrait le théâtre d'une soirée qu'il espérait à la hauteur des attentes. Bien sûr avait-il invité tous les grands dignitaires des cinq régions, espérant ainsi quelques discussions mouvementées et intéressantes. De l'autre côté, il avait choisi d'ouvrir ses portes au bas peuple. Que ce soit la bourgeoisie ou plus bas encore, ses portes s'ouvraient exceptionnellement le temps d'une soirée. Tant qu'ils communiquaient leur présence, il trouvait plutôt amusant d'y découvrir une autre forme de vie. Car depuis longtemps, il ne côtoyait guère ce genre de personnes, plus habitué aux mondanités qu'aux autres affaires. Tout ceci s'annonçait être haut en couleurs.

Il avait choisi une tenue des plus humbles. Ne désirant guère mettre ses richesses en valeur, il s'habilla modestement, sans pendeloque exhibant son immense fortune. Seul un collier en or, serti d'une émeraude taillée par la main d'un grand artiste, trônait autour de son cou. Il avait demandé à chaque domestique de prendre soin des invités, et que chacun soit considéré comme un homme de marque, même s'il ne pouvait faire partie que de la petite bourgeoisie. Les derniers préparatifs s'achevaient dans une atmosphère à la fois joyeuse mais aussi stressante. On vérifiait les aliments du buffet « à volonté », les boissons offertes ainsi que la décoration de l'habitation. Car tout devait être parfait pour éblouir chacun des arrivants.

Sa toute dernière décision avait été d'accueillir chaque invité à l'entrée de son domaine, de les saluer chacun en personne avant de les confier tous et toutes à un domestique qui les conduirait dans le hall. C'est ainsi qu'il salua bientôt autant d'espèces et de races différentes, certaines lui était même inconnue. Il se pliait aux diverses façons de saluer, prenant le temps de dire quelques mots, de rire une première fois avec ces visages qui lui étaient inconnus. Parfois, il revoyait une plus vieille connaissance, et ils prenaient alors le temps de ressasser un ou deux souvenirs. Et jamais il ne s'arrêtait. Jusqu'au moment où un grand nombre était déjà présent. Il ne pouvait guère les faire davantage patienter et décida finalement de se soustraire aux retardataires. Tout cela avec une petite touche d'humour.

Se présentant dans le hall majestueux, drapé de somptueuses soies sur les baies vitrées, il se mit au balcon de son premier étage pour saluer la nombreuse foule à ses pieds. En cet instant, il se prenait pour un monarque, où chaque dignitaire était prêt à écouter sa sainte parole. Mais il n'était pas cela. Toussotant pour attirer l'attention des dernières conversations, il prit brièvement la parole : « Avant de me présenter un peu davantage, je pense qu'un petit tour des lieux ne pourrait que vous plaire. » Donnant un signal de la main, il fit en sorte que ses invités viennent au premier des deux étages de l'immense demeure. Chacun ne pouvait évidemment pas trouver une place dans le couloir, mais pas un sort magique dont il avait le secret -un domestique bien pratique en fait-, sa voix se fit entendre à chacun de façon aussi claire que s'il murmurait à leur oreille.

« Nous nous trouvons ici au premier étage. J'ai fait préparé plusieurs lits dans les diverses chambres d'amis. Ainsi, les moins sobres pourront se permettre de dormir ici-même, plutôt que de se noyer dans une rivière. Accident regrettable. Bien sûr, si vous courtisez quelques personnes, elles sont aussi là pour ce genre de plaisir. Néanmoins, verrouillez la porte et ne vous faites pas trop entendre. » Il ne put s'empêcher lui-même de rire. Il ne savait guère à quoi s'attendre avec ce genre de soirée, mais il espérait pouvoir obtenir quelques ravissants ragots qui serviraient bien lors de futures soirées plus mondaines. « Concernant le second étage, je vous prierai de ne guère vous y promener. Un soupçon d'intimité de ma part, dirais-je. »

Traversant la foule, il se fit guide des masses, les ramenant vers le lieu-même de la réception. C'est ainsi qu'il présenta d'abord la majestueuse salle aux milles drapés. La soie semblait alors tomber du toit, lui-même recouvert d'un voile noir aux paillettes rivalisant avec les étoiles elles-mêmes. Oui, l'hôte ne se privait guère et le faisait savoir modestement à ses invités. Ensuite de quoi alla-t-il dans les jardins, lieu qui permettraient un peu de repos pour les oreilles et les yeux, car la salle principale irradiait de ces lanternes et de son concert d'instruments. Pourtant, tout était là pour respirer une profonde harmonie. Ainsi que montrer le grand soin que l'homme avait pris. Et c'est finalement après un petit tour de toute la propriété, et principalement les lieux intéressants, qu'il retourna dans la salle du banquet.

Déjà, l'orchestre s'était arrêté tandis que le Maître de Maison, l'homme-même de la Cérémonie, montait sur l'estrade. S'éclaircissant la gorge, et buvant d'ailleurs une longue rasade pour dessécher cette dernière, il sourit à son assemblée et prit une nouvelle fois la parole.

« Avant de vous laisser vagabonder à votre gré dans l'entièreté de mon domaine, ou du moins sa quasi-totalité, je me permettrai une dernière fois de vous ennuyer. Car après, je ne vous ai guère salué proprement. C'est aussi avec un grand plaisir que je vous remercie déjà de votre présence à chacun. J'espère que vous prendrez autant de plaisir dans cette soirée que moi durant sa préparation. »

HRPG:

En préambule, il y a une décade...:

Le jour de la réception arriva enfin. Le seigneur le fit prévenir de déjeuner avec lui et, lors de ce déjeuner, lui donna quelques indications et recommandations supplémentaires au cas où l’on parlerait politique... En fin d’après midi, Yan fit une bonne toilette et enfila ses beaux vêtements. Enfin, il alla à l’écurie et pris la charrette qu’on lui avait préparé et partit vers Charmon.

Après un voyage sans encombre. Il arriva à la demeure que le seigneur de Thörphané lui avait indiquée. Et il n’aurait pu la rater tant elle était grande et majestueuse.

Il fût accueilli par un personnage fort impressionnant : grand avec un visage sombre et portant un collier d’or serti d’une pierre précieuse brillant de mille éclats. Il ne s’en douta pas mais lui-même, mais avec sa cape noire aux coutures de fil d’or, il faisait belle impression. Lorsqu’il repoussa la capuche de sa cape sur sa nuque, il fit découvrir un casque des plus distingué : lisse, en argent poli avec quelques rivets sur les rebords. Autrement plus classieux que son habituel casque à cornes, vous en conviendrez !

Le maître de maison avait été prévenu qu’il venait au nom du seigneur de Thörphané et donc, il demanda à Yan quelques nouvelles de son seigneur.

Il est assez occupé en ce moment, des affaires personnelles compliquées à gérer…

Oui, il m’a dit, sa femme…

Ah vous savez… Oui c’est ça, nous sommes tous assez inquiets.

Et bien vous les saluerez de ma part et pour ce soir, essayez de profiter tout de même de la soirée !

Je n'y manquerais pas, monseigneur, et merci bien pour l'accueil, je ferai de mon mieux !

Yan fût alors pris en charge par un domestique qui le conduisit dans le hall. Apparemment, le maître de maison adorait la soie car elle était très présente dans la belle demeure. Yan, préférait la pierre (certainement une déformation professionnelle !) mais il s’avoua à lui-même que la soie permettait des alliances de couleurs plus originales que les pierres…

Le tour de la propriété fût rondement mené et bientôt, le maître de maison invita les convives à « vagabonder à [leur] gré dans l'entièreté de [son] domaine ». Yan fût un peu surpris. Il s’attendait à un dîner plus solennel mais peut-être que celui-ci arriverait plus tard. En attendant, il demanda un verre de vin rouge à un domestique qui passait par la et se dirigea vers le jardin attenant car dans la salle du banquet, les invités étaient nombreux, donc proches, et Yan, du « haut » de son mètre quarante passait sa temps la tête en l’air ce qui était fort gênant à la longue…

Ô Douce Soirée

Les Membres - Luxueuse Demeure - rude an 6

Andraha était arrivé un peu en retard avec son cavalier. Elle n’avait point eu la visite de la demeure. Dommage, pensa-t-elle, cela aurait pu être attrayant et distrayant un peu et j’aurai pu repérer quelques objets qui m’auraient permis de mieux cerner l’hôte… Elle retourna un peu dans ces pensées mais arriva alors dans la salle principale accompagnée par le sylphe qui se tenait à ses côtés. Son masque en place, elle scruta alors la pièce à la recherche de visages familier. Elle n’en repéra aucun pour le moment. Elle resta donc en présence de son chevalier servant quand un nain arriva dans la pièce. Elle écarquilla les yeux quand elle reconnut Yan. Elle en rigola presque d’ailleurs. Elle ne savait pas trop quoi penser ni faire. Après tout c’était son premier bal… Après quelques minutes d’hésitations elle se leva de son siège pour saluer le nain.

« Yan… Bonsoir… Je ne pensais point vus voir ici, quelle raison vous y a amené ? »

Tareg avait trouvé cela étrange que sa maîtresse parte. Lui qui s'inquiete tant pour elle et qui veut à tout prix la protéger, le voilà condamner à trouver l'endroit où elle allait. Elle ne lui avait pas précisé. Cependant, elle avait pris des habits avant de partir, ce qui l'intriguait davantage. Une journée passa sans que sa maîtresse ne soit à ses côtés et cela lui a suffit pour qu'il décide d'aller à sa recherche. Fermant la porte de la maison derrière lui, Tareg courait au travers de la ville en humant l'air en espérant sentir une quelconque odeur, mais rien.

Cela l'ennuyait, mais il ne perdait pas espoir pour autant. De suite après avoir quitté la ville, il prit sa forme d'Anima et continua de trouver une odeur similaire à celle de sa maîtresse pour la pister. Il lui fallut quelques heures de recherches acharnées pour retrouver l'odeur de sa maîtresse. Une fois son odeur humer, il ne quitta plus la piste et courait à en perdre haleine. Il ne s'arrêta pas, mais ralentissait pour reprendre son souffle ou pour boire. La fatigue se ressentait petit à petit jusqu'à ce que finalement, il arrive à l'approche d'une ville. L'odeur se faisait plus insistante et il s'écroula pour s'endormir pendant quelques heures.

A son réveil, la nuit était tombée et il reprit ses recherches, cependant il y avait trop d'odeur et par un jeu de hasard, il se retrouva dans une immense demeure où il y avait de la nourriture. Ainsi son ventre l'avait guidé ici... Il n'avait pas remarqué la présence de sa maîtresse qui se trouvait non loin.

Mais que faisait-il là exactement ? Il ne le savait même plus en cet instant, au beau milieu de la salle aux proportions imposantes et bondée des invités du maître des lieux. Le bourdonnement des conversations les entouraient tout deux et animaient de vie l’opulente richesse de ce lieu sans qu’il le remarqua un seul instant, les oreilles vides et assourdies par la mélancolie. Une symphonie de nostalgie qui l’avait pris sur le trajet et le taraudait depuis, nostalgie liée au lieu, à cette ville, à cette région, à son histoire, mais plus que tout… à celle qui avait permis sa naissance. Adrietha. Elle avait vécu en cette région, en cette ville, siège de son pouvoir et de son utopie… cette petite dryade, cet esprit féerique qui l’avait enchanté par ses rêves et ses harangues, qui avait construit une tour d’ivoire et de perle dans le cœur de tout un chacun alors même que les frères et les parents s’entre déchiraient auparavant pour un rien… Miraculeuse enfant, elle l’était indéniablement, sans qu’il puisse expliquer raisonnablement d’où venait ce don inné qu’elle possédait. Le don de toucher au plus profond du cœur ceux qui l’écoutait. Il l’avait été, lui comme beaucoup d’autres et ne le regrettait pas un seul instant… Il l’admirait et l’enviait encore maintenant qu’elle avait disparu. Non peut-être encore davantage à présent. Elle n’avait pas simplement fait fleurir ses idées et ses idylles… elle les avait transmis et implantés au plus profond de ceux qui, véritablement, avaient entendu son message… Pour lui, en tout cas, qui n’avait pas simplement écouté, qui n’avait pas simplement rêvé avec elle, mais qui avait fait sien l’utopie et l’avait pensé seul par la suite. Et seul… il l’était désormais ou peu s’en fallait. Ils avaient tous désertés le château de la jeune fille, ils étaient partit en abandonnant les peuples à leurs rêves d’indigo…. Les tambours de guerre grondaient, par-delà les limites de son royaume et on le pressait de toutes parts de faire appeler ses osts et de s’assurer militairement que les intérêts de son peuple seraient respectés. Lui n’y croyait pas. Faire lever ses armées serait ternir les vœux avec lesquels il gouvernait depuis plus de vingt ans. Comment pouvait on donc respecter les intérêts de son peuple si il tordait l’éthique qui régissait leurs vies ? C’était pourtant tellement évident. Pourquoi ne voulaient-ils pas le comprendre ? Cela lui semblait parfaitement compréhensible et il comptait bien rester ferme et définitif sur ses positions tout le temps qu’il faudrait…

Hélas pourtant, il semblait bien qu’il soit le seul dans ce cas-là. Les autres seigneurs semblaient avoir déjà complètement oubliés leur reine et ses préceptes. La plupart d’entre eux étaient de dignes personnes, et pourtant, devant un comportement comme celui-là, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’ils avaient l’air de charognards opportunistes, ayant attendu le décès du géant pour se repaitre de son cadavre… cette fois pourtant, le cadavre en question était les royaumes de chacun, ce qui donnait à tout cela une portée plus dramatique encore . Aucune décence, point qu’on en attendit de tous, mais tout de même… Et évidement qui allait l’écouter ? Ils n’attendaient plus que l’instant de se sauter à la gorge ou presque, si l’on extrapolait même un peu l’excuse pouvait bien tomber d’un jour à l’autre. Dramatisait-il ? Non, mais il angoissait effectivement et ce n’était pas avec ce voyage qu’il allait pouvoir savourer l’existence sans soucis supplémentaire. Peine perdue, pire encore même… Charmon faisait remonter en lui tant de considérations qu’il s’en trouvait étouffé et tenaillé. L’elfe n’avait pas eu l’intention de revenir en ces lieux avant longtemps, poser son regard sur les silhouettes des constructions l’emplissait de mal être, d’autant plus d’ailleurs qu’il ne savait même pas si il devait s’endeuillé pour elle ou non. Etait-elle… ? Il ne pouvait le croire, ne voulait le croire, et pourtant quelle autre explication pour une telle disparition ? C’était à en devenir fou. Tant de questions sans réponses, tant de doutes qui venaient enliser l’efficacité avec laquelle il prenait ses décisions au quotidien. Accroché à ses missives, attendant les rapports de ses hommes allant à travers les royaumes… il se sentait comme un condamné sur le point de monter à l’échafaud. A la merci de ses serviteurs… oh il leur faisait confiance évidement, mais si il avait eu la chance de partir lui-même, il l’aurait fait sans regarder en arrière tant il était inquiet. Et comme de droit, il ne parvenait absolument pas à s’apaiser en cette soirée malgré l’invitation et le fait qu’il devait absolument faire bonne figure et ne rien laisser paraître.

D’autant plus qu’il n’était pas seul. Aussi, alors qu’enfin l’hôte se dévoilait, il s’empêcha de soupirer lourdement, quelque peu abattus. Non vraiment, il fallait qu’il se reprenne et tout de suite. Faire bonne figure, tenir son rang, et surtout, trouver une conversation qui ne l’obligea pas à revenir sur quoi que ce fut qu’il traînait en son cœur comme un boulet. Puisqu’il avait pris sur lui pour se déplacer, autant aller jusqu’au bout en participant pleinement à l’évènement, quoi qu’il se demanda profondément à quoi cela rimait. Seul des quatre souverains présents, il se tenait, un peu à l’écart, en présent d’Athië, son ombre personnelle, garde du corps et compagnon d’infortune. Une fois de plus, elle avait insisté pour l’accompagner, sachant sans doute qu’il se trouverait à un moment quelconque de la soirée en proie à une intense et profonde déprime… mais sans doute ne s’était-elle pas attendu à ce que cela advienne si rapidement. Parfois, il se pensait réellement trop faible de caractère pour être roi. Un paradoxe quand on pensait qu’il résistait à la pression des autres. Mais loin de tout cela, il laissait son regard de malachite assombrit caresser les silhouettes qui suivaient le maître des lieu dans sa visite, observant attentivement et dans un silence courtois, son esprit soudain tourné vers les paroles adressées à la foule.

Se tenant en retrait, il ne pouvait pourtant pas passer inaperçu pour autant. C’était même irréalisable, lorsqu’on prenait en compte l’attirail choisit par son serviteur pour ce fameux bal. Haute silhouette au port impérial, il n’avait nul besoin de couronne pour hurler son rang par tous les pores de sa peau pâle et lactée, moirée d’argent discret. Il se mouvait avec une aisance remarquable, alors même que l’écrin de sa lourde tunique aux pans amples et opulents qui bruissaient à chaque pas ne le prédisposait pas à beaucoup de liberté de mouvement. Coupée sobrement, et enserrant son corps de façon à accentuer sa taille élancée et sa haute taille, la tunique de cérémonie était un riche ouvrage de brocart d’un blanc pur, aux dessins d’une minutie impensable, les détails travaillés avec le plus grand soin par les mains les plus habiles, l’entrelacs du col, des manches légèrement évasées et des longs pans touchant presque terre et l’enveloppant dans une envolée de soie intérieur d’un ton argenté, brodées de très fines perles d’ambres. Les accroches étaient de délicats ouvrages, là encore, ciselés et sertis chacune d’une figure de nacre resplendissante, d’argent vrai, tout comme celles de ses hautes bottes de daim blanc. Sa taille fine était serrée d’une écharpe de soie dorée auquel s’accrochait un chapelet de péridots dorés, alors que son haut col s’ornait du symbole de la maison du vrai or. Dans cette blancheur parfaite et sous les lueurs chaudes, sa crinière d’or strictement retenue en un catogan austère, qui n’empêchait nullement ses mèches de briller comme une auréole qui remplaçait aisément tout signe matériel de la royauté. L’elfe ne portait, effectivement, aucune couronne pour la soirée et s’en félicitait, le reste était bien assez pesant ainsi.

« Le second… hm ? »

Il tourna finalement la tête, observant Athië puis la secoua légèrement pour marquer sa désapprobation. Non, ils n’allaient pas enfreindre une des seules règles de la soirée, quoi qu’effectivement, il fut également curieux de ce qui se trouvait là-haut. La soldate leva les yeux au ciel, mais le geste lui passa loin au-dessus de la tête, son attention déjà accaparée par plusieurs de ses sujets présents, tout autant que par ceux des autres nations et qui semblaient se réunir sous l’effet clanique classique de ce genre de mondanité. Pourtant il ne put s’empêcher de garder un œil sur le maître de maison….

Et voilà que la soirée commençait. Comme à son habitude, Reyan restait en retrait. Il se demandait bien ce qui allait se passer durant cette soirée. Tant de mondanité, de gens qui se permettaient des choses qu'il n'aurait pu se permettre habituellement. C'était pour cela qu'il n'aimait pas ce genre de soirée. De plus, visiblement il n'était pas un bon cavalier, Andraha était déjà partit voir quelqu'un que lui aussi connaissait. Enfin connaître était un bien grand mot, il l'avait vu rapidement lors de leur rencontre en forêt près de Carathiel. Le nain n'avait d'ailleurs pas aimé sa remarque. L'herboriste s'était longtemps demandé pourquoi et finalement avait comprit lorsqu'il avait vu l'un des elfes de Carathiel. Effectivement, il pouvait facilement être prit pour l'un d'entre eux. Il se souvenait alors avoir hausser les épaules et continuer sa route. Peu lui importait en vérité ce que les gens pensait de lui, pour l'instant il voulait seulement s'éloigner un peu et éviter d'être trop près de tout ce monde. Devenait-il agoraphobe avec le temps ? Il n'en savait trop rien, peut être, peut être pas.

En tout cas, son attention fut attirer par un homme magnifier puissance dix millions. Il le regarda un instant, découvrant ses oreilles pointues et sa façon d'être. Il mit rapidement un nom sur la personne qu'il avait non loin de lui. Elros Orodreth, le seigneur de la terre. Pour le moment, il était le seul à s'étre déplacé. En vérité, le sylphe n'était pas vraiment étonné. Lui même ne considérait pas le seigneur de l'air comme tel. Pour lui, ce n'était qu'un humain arrogant qui n'avait aucun mérite et qui ne devrait pas être seigneur. Il n'en disait cependant rien, étant constamment sur les routes, il ne demandait rien à personne. Il regarda par-ci, par-là, allant se servir un jus de fruit. La soirée promettait d'être mortelle, mais pour le moment, il n'avait rien à déclaré que de manger quelques fruits au buffet, le regard plonger sur la foule et surtout sur le maître de maison qui paraissait quelque peu étrange à son goût, mais d'un autre côté, qui ne l'était pas.

Ô Douce Soirée

Les Membres - Luxueuse Demeure - rude an 6

La soirée avait bien commencé pour le moment. L’ange avait repéré quelques têtes connues, elle ne se sentait plus autant perdue que l’heure précédente. Finalement, pensa-t-elle, il y a pas mal de monde et même des paysans. Remarque qu’elle se fit en voyant alors Azamir arriver par la grande porte. Il n’était point habillé comme les autres. Ce rodeur était fidèle à soi-même et elle vint à sa rencontre avant de se souvenir une phrase qui la fit rire un peu sous son masque. Elle était sûre qu’il allait lui sortir : « Quels ennuis m’amènes-tu encore, Andraha ? ». La jeune fille se retint alors quand elle vit son domestique arriver derrière le loup-garou. Elle ne l’avait point convié à la fête ici, mais il avait peut etre reçu une invitation après tout. Elle s’en approcha un peu évitant le regard, pour le moment, du mercenaire. Elle le prit par le bras et l’entraina à l’égard pour lui parler plus tranquillement. Enlevant son masque elle lui sourit alors, mais elle était un peu énervée de le voir ici.

« Tareg… qui t’a invité ici ? Tu as peur pour moi ? Tu sais je suis bien entourée, il y a dans la salle le général, Reyan et une personne de la guilde au moins. Il va rien m’arriver de grave… Du moins je l’espère. »

La musique commença alors dans la pièce. Les dames cherchaient leur cavalier d’un coin de l’œil. Andraha en profita pour s’éclipser un moment en montant à l’étage. Elle avait alors besoin d’air et de remarquer certaines personnes qui lui paraissaient un peu louches à première vue. Elle vit alors le maitre de maison passer derrière elle, l’ange ne fit rien et se cacha sous son masque. La musique se calma alors, annonçant une petite pause avant la prochaine danse.

L’ange regarda les allés et venus des visiteurs, Azamir était toujours près de la porte. Elle descendit alors les marches pour aller à sa rencontre. Elle ne savait pas trop quoi lui dire à part le saluer par politesse.

« Azamir, je suis surprise de te voir ici en tout cas. »

Ô Douce Soirée

Les Membres - Luxueuse Demeure - Rüde de l'An 06

Il n'avait guère été étonné lorsqu'il avait reçu une autre invitation pour une soirée mondaine. Il était assez coutumier de ce fait car tous les Nobles des différentes régions recevaient, lorsque cela se passait à Charmon, une lettre leur demandant leur présence. Parfois ce n'était qu'un gala de pure charité. Parfois, une soirée plus sérieuse où l'on se demandait quel serait le futur. Mais cette demande ne revêtait pas ce même caractère. Nombre de politiciens, d'hommes ambitieux, mais aussi une grande partie de la plèbe serait de cette soirée. Autant dire que son absence se ferait vite remarquer. Et faire bonne figure était une obligation lorsque l'on était membre de la Haute Société. Surtout vis-à-vis de ces mêmes membres plus qu'envers la simple populace. Aussi, ce ne fut guère une pénitence que de se préparer. Mais il regrettait une chose : être sans cavalière. Surtout qu'il aurait pu demander à sa jeune amante. Néanmoins introuvable, il n'avait pas cherché davantage.

Sa toilette se fit longue, comme à l'accoutumée. Car les domestiques cherchaient toujours à montrer leur grand talent. Et toujours ils les laissaient faire, car il s'en amusait. Il aimait toujours ce spectacle. Voir un humain se disputer avec une fée sur un sujet ou un autre. Il finissait toujours par trancher pour une autre solution que celle proposée. Aujourd'hui, il abandonnait l'armure d'apparat, ou les simples habits du quotidien. Prenant dans ses tenues les plus sophistiquées, il fit rapidement un choix. Goûtant toujours avec plaisir aux modes elfiques, il se fit complètement habillé de blanc. Si la tenue était simple, la ceinture brodée à la main et incrustée de quelques jolies perles prouvait pourtant sa grande richesse. Il se fit aussi installer un collier, dont le médaillon n'était autre qu'un diamant à l'éclat pur. Finalement, il fit tresser ses cheveux châtains clairs en une simple queue. A la fois tout en sobriété, il exprimait une certaine supériorité inégalée, qu'il n'aimait guère mettre en évidence. C'est à cette suite qu'il prit le carrosse qui l'attendait au dehors.

Le voyage ne fut guère long mais il fut salué en personne par le Maître des Lieux, un homme qu'il n'avait que croisé dans quelques soirées mondaines. Ils s'étaient à peine parlés à chaque fois, sans vraiment noués un lien quelconque. Autant dire qu'ils étaient de parfaits inconnus l'un pour l'autre. Il l'écouta rire de son choix vestimentaire, lui demandant pourquoi il avait préféré une mode elfique pour un Ange plutôt que celle de ses plus proches contemporains. Heureusement, il n'eut pas à répondre de cette demande et continua sa route jusqu'au Hall principal où les lueurs se firent extraordinaire. Tout, dans cet endroit, respirait l'envie d'impressionner. Hauts plafonds pour prouver la petitesse d'un invité, somptueux drapés pour prouver une richesse incommensurable capable d'acheter autant de soie. Tout comme l'orchestre qui se plaisait à jouer les plus grands morceaux de ces époques. C'était là un enchantement auditif autant que visuel, il fallait bien l'avouer.

Une visite guidée se fit faire par le Maître lui-même, montrant les endroits accessibles et inaccessibles de sa demeure. Ainsi, le premier étage permettait aux désireux de dormir sur place, si l'alcool ne permettait plus de tenir debout, ou aux plus courtisés d'entre les autres de s'offrir une nuit dans des draps chauds. Nul doute, l'hôte préparait une soirée grandiose. Il voulait que chacun puisse se plaire et ouvrit même son Jardin, éclairé par quelques lanternes. Ainsi, le ciel était éclairé, pour l'occasion, par une infinité d'étoile plus visibles les unes que les autres. Une nuit enchanteresse s'annonçait, notamment agrémentée par un délicieux buffet et un service domestique irréprochable. A peine finissait-il une coupe qu'une autre vous était comme servie par enchantement.

Sa soirée allait pourtant vite tourné au plus court quand il découvrit ce qu'il aurait désiré ne jamais voulu voir. Alors qu'il sirotait encore un soft, il vit du coin de l'œil deux personnes montés. Certes, ce n'était pas les premières mais l'une des deux attirait son regard. Une ange, en fait. Et pas n'importe laquelle puisque c'était celle qu'il aurait aimé avoir à son bras pour la soirée. Au lieu de cela, il se retrouvait à poireauter en compagnie de quelques nobles et bourgeois de diverses régions pendant que cette dernière se trouvait au bras d'un autre. Un autre qu'il connaissait puisque c'était l'herboriste où il prenait sa médecine alternative pour son souffle au cœur. Les deux montaient et ne redescendirent pas de suite. Autant dire que même un imbécile aurait pu comprendre ce qui se passait. Pourtant, il ne montra rien de son désarroi et continua de rire aux mésaventures d'un aventurier qui ne se privait pas d'exagérer ses exploits. Puis, s'excusant, il prit congé de ces derniers prétextant avoir vu d'autres personnalités.

Pourtant, ce qu'il fit n'était rien d'autre que de s'enfuir prendre l'air. Car il en avait besoin. Et de s'asseoir sur les marches de la terrasse pour profiter de la vue splendide qui s'ouvrait à lui.

Ô Douce Soirée

Les Membres - Luxueuse Demeure - Rüde de l'An 06

Après un bref passage à Falcon Tumeth avait filé pour Charmon en quatrième vitesse. Le vent et les murmures des auberges lui avaient porté la rumeur d'une soirée dans une demeure luxueuse de la région et tout le monde était invité. Elle n'était pas une inconditionnelle de ce genre d’événements, mais elle y voyait surtout une opportunité de renflouer ses caisses que ce soit aux dépends des invités ou des hôtes.
Tumeth n'avait pas encore décidé, il fallait qu'elle soit sur place.
A Charmon elle eut plus de détails sur cette invitation. Elle choisit de s'y faire embaucher pour le service n'ayant pas de toilette assez élégante et refusant catégoriquement de se présenter en tenue de voyage. Et puis, qui porterait attention aux allées et venues d'une serveuse ?
C'est une connaissance qui lui laissa sa place dans le service, prétextant un problème de disponibilité pour la soirée. Faites en sorte de ne jamais rien devoir à Tumeth, le moment venu elle saura se rappeler à vous. On lui avait passé des habits, les mêmes pour tous, puis on l'avait briefé comme les autres. La voleuse n'avait pas encore croisé le ou les maîtres de maison, mais elle savait déjà qu'elle avait interdiction d'approcher le second étage et ne devait s'occuper que des pièces servants à la réception.
Elle acquiesça docile, ayant sincèrement l'intention d'obéir à ces directives...mais rien ne l'empêchait d'y revenir plus tard.

La soirée avait commencé et elle avait enfin vu le propriétaire. Un personnage intéressant, avenant, dont le choix de tenu surpris un peu la serveuse d'un soir, étonnamment modeste si ce n'était le collier d'or qui le parait. Avait-il peur que sa richesse se voit ? C'était prometteur, depuis la porte des cuisine elle voyait le défiler les dames, les chevaliers, les gens ordinaires et les rois. Pour sûr il y avait du beau monde, mais elle fut tiré de sa contemplation par une voix sévère. C'est en mettant un plateau dans les mains, puis en le garnissant de verres d'un service très fin qu'on lui expliqua qu'elle n'était pas là pour observer, mais pour servir et faire en sorte que personne n'est les mains vides. Il fallait amener les gens à se parler et quoi de mieux qu'un peu d'alcool dans le sang pour animer tout ça. On poussa Tumeth dans la salle principale avec son plateau, très bien il était temps qu'elle entre en piste.

Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas endossé un rôle autre que le sien, Tumeth avait oublié la difficulté de déambuler dans une salle bondée en prenant garde de ne pas vider les verres sur le sol. Heureusement très vite son chargement s'allégea et bientôt elle devrait retourner en cuisine ou au buffet pour remplir son plateau.
Quelques aller-retour comme celui et elle finit par prendre le pli, souriante et discrète elle veillait à ce que ceux qu'elle croisait ne risquent pas la déshydratation. Elle n'avait pas oublié son objectif premier, mais il était encore trop tôt pour tenter quoi que ce soit.

Il était temps pour elle de prendre un peu l'air, son plateau presque vide sur une main elle s'aventura à l'extérieur. Saisie par la fraîcheur sur son visage, elle respira un instant cet air vivifiant avant de se rendre compte qu'elle n'était pas seule. La voleuse reconnut l'homme assis à ses pieds, n'écoutant que son devoir elle mit le plateau à sa hauteur,

- Oserais-je vous proposer un rafraîchissement malgré la saison ?

Une soirée où paysans, bourgeois et nobles étaient conviés à la même table ? Cela avait raisonné comme quelque chose d'extraordinaire à l'oreille des trois chevaliers et encore plus à celle de la Comtesse qui, sans se soucier de l'idée même de cette soirée, avait tout de suite vue en elle le potentiel gain qu'elle pourrait lui apporter. Quoi de mieux que de négocier autour d'un verre ou d'une table bien garnie ? Mais voilà, si Amandine s'était habillée modestement, sans pour autant se séparer complètement de son rang, il n'en allait pas de même pour les chevaliers. Ces derniers, revenus d'une longue et fatigante "mission de sauvegarde" pour le compte de quelques paysans, avaient dû affronter une bien méchante créature et, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils n'étaient pas très enthousiasmé à l'idée de faire le déplacement jusqu'à là-bas. Mais, leurs fonctions et les obligations familiales de Viktor les y obligeaient, ils devraient l'accompagner et se porter garants de sa sécurité et qu'importe s'ils étaient blessés ! De toutes les façons, cela ne se verrait pas sous les armures, armures qu'ils durent d'ailleurs faire briller en un temps record, la Comtesse était pressée.

Le chemin fut ce qu'il fut mais, ils arrivèrent en bon port. C'est fut d'ailleurs à moitié surpris qu'ils passèrent le pas de la porte sous le chaleureux accueil du maître des lieux. En revanche, pourquoi une pareille décision, ça, c'était un vrai mystère, ce sursaut de bonne charité était étrange bien que partiellement justifié. Ils avaient confié leurs montures respectives au palefrenier, ce dernier avait d'ailleurs refusé, dans un premier temps, de garder Léonidas mais, il fut bien vite convaincu lorsqu'il put le toucher sans que ce dernier ne cherche à le manger. À l'intérieur de la demeure, rien n'avait été laissé pour compte, qu'il s'agisse de décoration, de nourriture, de boisson ou même de personnel. Les trois chevaliers, qui escortaient Amandine, en étaient bouches bées. Finalement, après le petit tour du propriétaire, cette dernière leur demandé de rester loin d'elle sans pour autant la perdre de vue, elle voulait marchander avec les nobles en présence et les chevaliers pourraient l'incommoder. Ce n'était pas toujours un travail honorable mais, il fallait faire avec.

Les trois Hommes se dirigèrent donc vers le buffet, ne connaissant absolument personne ici. Ils n'oublièrent pas la Comtesse et restèrent sur leurs gardes, prêts à intervenir si besoin. En revanche, leur imposante carrure, leurs armures et leurs grosses armes faisaient que bien peu de gens osaient les approcher, voilà de quoi les laisser manger tranquillement, eux qui ne s'étaient rien mit sous la depuis un bon moment, leur estomac criait famine ! Ce fut donc sans la moindre retenue qu'ils attaquèrent les différents plats, mets et petits-fours mit à la disposition des invités ... Enfin presque. Ceci n'était pas au gout de Hallon qui, après avoir garni humblement une assiette, s'en était allé entamer la conversation avec quelques conviées.

- Il y a de quoi se faire un francherepue ici.
- Et même pour cent.
- Ça tombe bien, je pourrais mangoyer pour eux !
- Et le p'tit dej' aussi tiens !

Les deux Hommes éclatèrent de rires, la bouche pleine, avant de se donner chacun une tape sur l'épaule puis de se reprendre, en voyant les mines du proche entourage. Ils remarquèrent que leur troisième camarade s'était entouré de deux jolies jeunes dames.

- Et voilà l'autre femelle qui s'en va draguer.
- Laissons-le vaquer à ses occupations, si cela lui plait de donoyer plutôt que de se restaurer, alors soit, nous en aurons plus pour nous.
- Ouais mais ce que tu oublies, c'est qu'il y a des piaules à l'étage et que j'ai les patates au fond du sac !
- Ouais mais, ce que tu oublies toi, c'est que nous sommes presque des argousins ici et que nous en aller faire un jeu françois contrarierai notre mission.
- Et lui alors ?!
- Il fait la cours, tout comme nous mangeons mais, il n'en oublie pas pour autant le principal.
- Excuse facile ...

Dit-il avant d'attraper un verre et d'avaler son contenu d'un seul trait, avant de s'essuyer la bouche à l'aide de sa main. Il s'en retourna au buffet, en silence, jetant de temps en temps un coup d'oeil à Alfrun, alors que Viktor se souciait plus de la Comtesse que de son camarade charmeur.

Yan, sur le chemin du jardin, tomba avec plaisir sur un visage connu. Enfin pas de prime abord. Il entendit d’abord cette voix d’ange :

« Yan… Bonsoir… Je ne pensais point vus voir ici, quelle raison vous y a amené ?»

A sa mine perplexe, l’ange ôta son masque et Yan reconnu Andraha, la maladroite !

Andraha, vous ici ! Et bien moi-même je n’aurais pas cru venir ici. C’est mon seigneur qui m’envoie. Il a eu un empêchement et m’a demandé d’y aller à sa place, alors me voilà ! Et … vous ? Quel bon vent vous amène ?

La conversation ne fût pas très longue mais les deux aventuriers étaient visiblement contents de s’être croisé ici. Un visage connu faisait toujours plaisir à voir au milieu d’une foule d’étrangers.

Après que l’ange eut expliqué à Yan la raison de sa présence ici, le nain conclut ainsi :

Je vous laisse un instant, mais je reviendrais vers vous un peu plus tard, j’aimerais vous parler de quelque chose !

Un petit mystère pour éveiller la curiosité de son interlocuteur, cela permettrait peut-être à Yan de profiter un peu plus longuement d’Andraha qui semblait vouloir continuer sa « promenade ».

Yan suivi du regard Andraha qui se dirigeait vers la porte d’entrée en remettant son masque.

Par Seda, qu’elle est belle !

Puis le regard de Yan fût attiré par une grande et fine silhouette : un elfe… mais pas n’importe quel elfe. Elros Orodreth le seigneur de la terre. Yan reporta à plus tard son petit tour au jardin et se dirigea vers son suzerain pour le saluer. D’habitude, Yan, en bon nain, avait une certaine aversion pour les elfes, mais celui-là, il le respectait beaucoup pour tout le bien qu’il faisait à son pays et pour sa fidélité envers Adrietha. Cela tombait bien, son seigneur (de Thörphané) lui avait indiqué qu’il lui aussi y était très attaché. Alors Yan, lorsqu’il eut été en mesure de parler à Orodreth s’inclina avec beaucoup de respet et lui dit de sa voix rauque :

Monseigneur, je vous présente mes hommages. Je suis Yan Ok, bâtisseur au service du seigneur de Thörphané. Je suis son représentant ici ce soir et je vous présente également ses hommages. Nous sommes fiers de vous servir !

Son petit discours eut pu passer pour de la flagornerie mais le nain était sincère et de Thörphané lui avait demandé d’être autant que possible du côté d’Orodreth…

La soirée battait son plein, Sesthia pouvait le sentir. Elle venait tout juste d'arriver et une foule de sentiment l'assaillit. Les pièces fermés avec tant de gens s'étaient réellement le pire pour la jeune fille. Dans ce genre de situation, elle n'arrivait pas à bien géré et souvent elle avait besoin de s'isoler dans les coins pour se calmer ou plutôt pour se sentir un peu mieux. Tant de sentiments avaient tendance à lui filer la nausée. Mais pourquoi ? Pourquoi avait-elle accepté ce genre de truc. Oh bien sur en tant que noble seda elle devait faire bonne figure, de montrer que sa famille s'impliquait, sauf que de la famille, elle n'en avait plus. Ce qu'elle pouvait montrer c'était surtout qu'en tant que noble et en tant que joaillière, elle s'intéressait à ce qu'il pouvait arriver dans la politique. En gros, il fallait faire bonne figure histoire de dire que c'était bien, c'était beau et que c'était cool et le tour était joué, seulement elle n'était pas énormément doué pour ça.

Elle s'avança donc tranquillement dans la salle, regardant à droite et à gauche. Bientôt elle allait devoir faire une pause. Pourquoi ne pouvait-elle pas se concentrer sur une personne seulement et pourquoi ne pouvait-elle pas ressentir les sentiments lorsqu'elle le souhaitait ? Voilà une question qui était bonne a posé à ces types qui se faisait suer toute la journée dans leur bureau à se poser des questions sur tout et rien, elle avait une question sur laquelle il pourrait plancher sans jamais avoir de réponse. Elle soupira, allant vers le buffet, la faim la tiraillait toujours lorsqu'elle était en présence d'autant de personne. Elle se servit donc quelques trucs au buffet, demanda un verre de limonade à un serveur passant près d'elle et finalement ses yeux tombèrent sur le maître de la soirée. Ce type, il cachait des choses elle en était persuadé. Pourquoi ouvrir aujourd'hui sa demeure alors que celle-ci était longtemps fermé.

Et tout ces bruits de coursive qu'elle avait entendu, pouvait-il s'avérer vrai ? Pour le moment elle n'en savait rien et d'ici, elle ne pouvait pas connaître la sincérité du maître des lieux sachant que de toute façon il était bien trop loin pour qu'elle ressente ses sentiments. Cependant avoir croisé son regard l'aida à se faire une opinion, au delà de son sourire, il y avait quelque chose, quelque chose qui l'avait poussé à faire une telle action. Avec un sourire somme tout commercial, elle lui adressa un signe de tête, le remerciant par cela pour son hospitalité et puis elle s'en retourna dans la foule, c'est à ce moment là qu'elle vit quelqu'un qu'elle connaissait pour lui avoir créer un objet. Objet qui cela dit avait dû être refait car il ne correspondait pas du tout à ses goûts. Elle sourit donc tranquillement, saluant les gens au passage et finalement s'arrête près du seigneur de la terre.

« Bonsoir Seigneur Orodreth. Je ne suis pas surprise de vous voir par ici, par contre je suis surprise de vous y voir seul. Comment allez vous ? »

Elle ne se sentait pas mieux et devrait bientôt sortir pour évacuer tout ce qu'elle ressentait, mais pour le moment, elle préférait prendre des nouvelles de son seigneur qui était soit dit en passant quelqu'un qu'elle appréciait étrangement. Alors qu'elle ne voulait pas créer de lien, elle s'en ferait bien un ami car elle était persuadé qu'il avait nombre de chose à lui apprendre sur le peuple seda et sur tout ce qui touchait aux autres peuples.

L'occasion était trop belle pour ne pas être saisie, si bien qu'Eireen avait laissé derrière elle ses frères et son atelier pour se rendre à Charmon. Le voyage l'avait fatiguée, certes, mais les cernes sous ses yeux n'étaient pas plus marquées que d'habitude et quelques légères retouches avaient suffit à les estomper.

Ce n'était pas la première fois qu'on l'invitait à une soirée de ce genre. Certains nobles prenaient plaisir à inviter les meilleurs de leurs artisans, mais il s'agissait alors d'exhiber la petite bourgeoisie pour s'approprier un peu de son mérite comme on exhibait un ours jongleur à la foire. En dix ans, elle avait été l'attraction de nombreuses soirées.
Ce soir là était différent, même des gens du bas peuple avaient été invités et ses talents d'armurière ne seraient pas le clou du spectacle. Tant mieux. Elle comptait plus sur cette soirée pour élargir sa clientèle et son réseau qu'autre chose.
Pour l'occasion et pour faire bonne figure, elle avait délaissé la capuche, sagement repliée sur ses épaules et avait tressé ses longs cheveux gris en une coiffure sophistiquée. Un masque en plume de corbeau aux reflets bleutés, rehaussé de perles, cachait malgré tout une bonne partie de son visage et mettait en valeur ses yeux couleur d'eau. Elle ne passerait pas inaperçue, certes, mais personne ne pourrait non plus dire qui elle était, et cela lui convenait parfaitement.

Son entrée tardive lui évita certains regards trop insistants ainsi que les mondanités de rigueur lors des événements de ce genre. Un serviteur zélé l'intercepta cependant au vol lui proposant de récupérer ses effets, elle déclina poliment l'offre mais saisit une des coupes de champagne de son plateau.
Discrètement, elle se faufila au milieu des convives, consciente que certains se retournaient sur son passage, mais peu désireuse d'engager la conversation tout de suite. Elle repéra quelques visages familiers, d'anciens clients dont le maître des lieux, la plupart étant des nobles qui ne prendraient même pas la peine de la reconnaître. La foule était dense, les conversations allaient déjà bon train. Elle porta la coupe de champagne à ses lèvres et la vida d'un trait avant de la poser sur le plateau d'un serviteur pressé et de se diriger vers les jardins. Voyant que la place était là aussi occupée, elle rebroussa chemin, et se posta auprès d'une fenêtre, à proximité des lourdes tentures de soie qui faisaient de cette salle principale, une sorte de paquet cadeau géant et proprement écœurant. De là, elle se mit à observer les convives; la présence de Kaäk sur son épaule lui manquait, tout comme celle de ses frères et de son atelier. Elle repoussa au loin cette sensation de solitude, et tendit l'oreille en direction de la conversation la plus proche: à l'extérieur, sur les marches menant au jardin.

Reyan regardait toujours à droite et à gauche lorsqu'il aperçut la petite joaillière qu'il avait soigner et qu'il était venu voir à Carathiel. Il remarqua aussi le domestique d'Andraha. Ce terme de domestique lui fit grincer une nouvelle fois des dents. Jamais il ne comprendrait qu'on puisse accepter de brider sa liberté pour servir quelqu'un. Lui voulait aider les autres, mais sûrement pas se brider pour eux. Il n'accepterait jamais de laisser sa liberté pour le confort d'un autre. Sur ses pensées peu agréable, il s'avança vers le buffet. L'ambiance était assez bonne, il faisait bonne figure en saluant tout le monde. Lorsqu'on lui demandait des nouvelles de ses parents, il en donnait sans soucis, mais là, il en avait assez. Et trop s'était trop. Il fallait absolument qu'il sorte et quoi de mieux pour cela que le petit jardin rempli d'herbe toute plus étonnante les unes des autres.

Ni une, ni deux, il se faufila dans la foule, répondant encore à quelques poignets de mains, mais finalement arriva en vu du jardin. Il n'hésita pas une minute, il sentait déjà le regard du maître de maison. Regard qu'il vit se refléter dans la fenêtre de la porte vitrée. Ce gars leur cachait quelque chose, s'était évident. Le sylphe en aurait mit sa main à couper, mais il ne voulait en aucun cas faire des pronostiques. Cette soirée n'était pas là pour cela. Il huma enfin l'air frais de l'hiver qui semblait plus doux que d'habitude, comme si celui-ci avait décidé de s'adoucir pour faire plaisir aux convives en cette soirée. Il avait tellement envie de s'en aller, de laisser le vent le porter, mais il ne pouvait pas, pas encore.

Seulement, il prit l'air, allongeant tranquillement le pas pour découvrir ce jardin gigantesque qui lui ouvrait les bras. Enfin il se sentait bien, enfin il avait l'impression d'être dans son élément. La nature, la vent, la liberté de mouvements qui lui était si cher. Il posa sa main sur les plantes passant à ses côtés, il y en avait plein dont il connaissait le nom et d'autre dont il ne connaissait rien. Enfin dont il ne s'était encore jamais servit. Tant de plantes dont il pouvait faire quelque chose. Dommage que son carnet ne soit pas là pour qu'il puisse tout noter. Enfin tant pis de toute façon il les reverrait bien avec le temps. Il continua donc tranquillement sa route.

Seul, si on omettait sa garde du corps, il ne s’approchait guère des autres convives. Non qu’il dédaigna leurs compagnies, leurs conversations étaient sans nul doute attrayantes, et leurs personnes agréables. Mais il n’était tout simplement pas le genre d’individu à prendre part sans délicatesse à un débat déjà lancé, et se trouvait encore fort déprimé de se trouver en un tel lieu en une telle heure. Plutôt que d’affliger qui que ce soit de sa triste mine, il se tenait à la place qu’il s’était choisie et profitait de la vue d’ensemble de cette soirée, peu intéressé par le buffet quoi qu’il eut accepté un verre pour étancher sa soif, jouant de de ses longs doigts la richesse de l’objet sans rien en penser tant qu’il n’était pas attaché à ce genre de détails matériels. Près de lui, Athië changeait régulièrement d’appuis, passant d’un pied à l’autre avec une tension qu’elle dissimulait habilement, mais qu’il lisait sans mal pour sa part, trop habitué qu’il était à la voir faire. Elle s’inquiétait, et c’était bien naturel, dans le contexte actuel… D’autant qu’en cette soirée, il y avait tout de mêmes des éléments qui appelaient à la méfiance et à la circonspection. Mais peut-être étaient-ce eux qui s’en faisaient beaucoup trop pour leurs propres bien… Quoi que, si vraiment piège il y avait, Elros s’inquièterait d’autant plus pour la sécurité des membres de son peuple, plutôt que pour la sienne propre. Restait à savoir si il se jouait de drame, ou si il avait mis le doigt sur la vérité…

Il oublia cependant rapidement tout cela lorsqu’il nota qu’on s’approchait de lui, et concentra son attention sur l’individu avec un sourire plaisant qui s’élargit encore en voyant apparaître un nain près de lui. Quoi que leurs deux races aient quelques soucis d’entente en règle générale, il pouvait se targuer d’entretenir avec eux de bonnes relations, appréciant leurs compagnies pour ce qu’elle était et reconnaissant volontiers que ces petits êtres avaient de nombreux mérites. Son regard malachite se mit à scintiller en l’entendant parler, signe notable de satisfaction de sa part dont le physique reflétait ses humeurs plus que de raison malgré son maintien. Aussi s’inclina-t-il posément à son tour, rendant son salut, et répondit d’une voix chaleureuse, de toutes évidences ravis que l’on vienne le trouver. « Et je suis fier, et de les recevoir, et de pouvoir me présenter comme le suzerain de si nobles âmes. Salutation à vous, Yan Ok. Je suis heureux que votre seigneur ai pensé à envoyer un représentant à cette soirée. Cela fait quelques temps déjà que nous n’avons pas eu l’occasion de nous entretenir. J’espère qu’il se porte bien, et que vous appréciez cette soirée » Lui ne goûtait guère ses mondanités en tout cas, surtout loin de sa propre cour, ou de celle de sa chère Adrietha. Mais il ne pouvait guère refuser l’invitation, quoi qu’ai put faire les autres seigneurs.

Il n’eut cependant pas l’occasion de reprendre la parole, comme il escomptait le faire, car une seconde présence s’invita à ses côtés. Présence qui le fit tourner la tête, curieux, et fit encore remonter son humeur de quelques crans. A croire que Seda l’avait entendu dans son affliction, on lui permettait de s’entretenir coup sur coup avec deux membres de son peuple, donc la nouvelle arrivée n’était autre que la jeune Sesthia, joaillière à qui il avait passé commande et qu’il avait tout de suite hautement apprécié, autant pour sa simplicité que pour sa façon de le mettre à l’aise, chose si ardue en temps normal. Ce fut un sourire véritablement rayonnant qu’il lui adressa, le cœur soudain gonflé de reconnaissance pour cette apparition. Il n’avait pas même pensé la croiser ce soir-là, elle comme ce jeune nain, mais en était enchanté. « Sesthia ! C’est un plaisir de vous voir » Il l’observa avec attention « Et bien je dois avouer que jusqu’à présent j’étais quelque peu déprimé, je ne suis pas revenu ici depuis… » Laissant sa phrase en suspens, il s’assombrit un bref instant avant de reprendre. « Mais votre présence à tout deux est un baume bienvenu » Il indiqua Yan de la tête, afin de ne pas l’isoler de la discussion. « Je crains que ma femme n’ai guère le goût aux bals en ce moment, mais je ne pouvais guère refuser d’y assister… Et vous donc ? Vous êtes venue accompagnée ? A vous voir si magnifiquement apprêtée j’imagine que votre cavalier doit être ravi ? » Il y avait cependant un petit quelque chose dans sa façon d’être qui semblait indiqué qu’elle n’était pas forcément ravie de se trouver au milieu de tant d’individus… Regardant tour à tour la jeune femme et le nain, il finit par ajouter. « Je ne sais si vous aviez des projets quelconque, mais de mon coté je comptais visiter quelque peu les jardins… accepteriez-vous de m’accompagner ? »

Elle regardait l'homme qui était son seigneur. Elle l'aimait réellement beaucoup. Étrangement elle qui ne voulait en aucun cas créer des liens n'aurait pas dit non pour en créer avec lui. Oh bien sur rien de très intime en vérité, le terme ami lui suffisait amplement. Elle aimait beaucoup sa façon d'autre et sa façon de diriger son peuple. C'était quelque chose qu'elle respect, c'était cela qu'elle ressentait pour lui, un profond respect. Elle lui sourit donc et ressentit sa tristesse lorsqu'il ne finit pas sa phrase. Comment lui en vouloir, elle même ne se sentait pas très bien dans cette soirée, trop d'émotions, trop de tensions et surtout d'incompréhension. Pas seulement de sa part, mais elle ressentait en quelques sortes les questions des autres par les sentiments qu'ils renvoyaient. La joaillière sourit cependant, faisant bonne figure et lorsque son seigneur lui signifia que leur présence était un baume, elle ne put que sourire, tournant sa tête vers le nain et le saluant. Elle ne dit cependant rien de plus jusqu'à ce que ce soit le seigneur qui parla de nouveau.

« En vérité, je suis venue accompagnée, mais c'est une drôle d'histoire. Mon père ne voulait pas me laisser y aller seul alors il a fait appel à quelqu'un qui à une dette envers lui. Je dois vous avouer qu'il n'est pas très ravie d'être venue ici. Il n'aime pas vraiment les soirées de ce genre. »

Elle sourit quelque peu et reprit presque aussitôt.

« Je dois aussi vous avouer que je ne suis pas très fan de ce genre de soirée. »

La jeune fille porta alors sa main à son cœur. Un trop plein d'émotion l'envahissait. Il fallait qu'elle aille prendre l'air. Elle tenta de respirer plus lentement, mais trop de gens, trop de sentiments émis et trop de sentiments réceptionnés. Sesthia allait prendre congé lorsque le seigneur leur proposa d'aller visiter le jardin. Chose qu'elle n'allait pas refuser.

« En fait j'allais prendre congé. Il faut que je m'aère aussi. Donc je serais heureuse de vous accompagner. Et vous maître nain, viendriez vous avec nous ? »

Elle préférait qu'il vienne non seulement pour le connaître un peu mieux et surtout pour éviter les commérages, le seigneur n'avait pas besoin de ce genre de publicité qui ferait certainement plaisir à d'autres personnes et même d'autre seigneurs. La main toujours sur le cœur tentant de réguler sa respiration, elle attendit la réponse du dénommé Yan.

Et le grand seigneur était vraiment très aimable. C’est la première fois que Yan lui parlait et, pour un elfe, il n’était pas hautain !

La femme de mon seigneur est souffrante. C’est pour ça qu’ils n’ont pu assister à cette soirée. Mais selon lui, elle n’a rien de très grave, et s’en sortira par le repos.

C’est alors qu’une jeune femme approcha d’Orodreth pour le saluer à son tour.

Vous ici ! S’exclama le nain. Je ne pensais pas vous revoir de si tôt après l’histoire des bêtes maléfiques… Vous êtes vous bien remise ?

Pendant qu’elle parlait au seigneur, Yan « chipa » un autre de verre de vin rouge à la voleuse serveuse qui passait par là manquant d’en renverser d’autres !

Ouh la excusez moi mademoiselle… mais vous portez votre plateau si haut ! Dit-il pour justifier sa maladresse.

Yan trouva que cette maladresse n’était finalement pas si dommageable que ça car elle lui permit de voir les beaux yeux vert de la serveuse se poser sur lui ! Yan rougit un peu.

Il fait chaud ici !

Puis, le seigneur de Seda posa quelques questions aux deux aventuriers. Yan laissa répondre Sesthia puis répondit à son tour.

Pour ma part je suis venu seul et je n’ai rien contre un petit tour au jardin non plus, un peu d’air frais ne me fera pas de mal ! Dit-il en buvant une bonne lampée de vin rouge.

Il s’inquiétait sincèrement pour elle, dès l’instant où elle avait montré des signes d’affliction d’ailleurs, n’ayant pu s’en empêcher. Elle était toujours souriante, faisant bonne figure, et c’était à respecter. Il ne désirait nullement la gêner ou la mettre mal à l’aise en la couvant, bien que, comme pour tout membre de son peuple, il soit toujours enclin à vouloir aider et soulager. Sans connaître le mal cependant, c’était difficile, et il ne voulait pas lui demander, du moins pas ici, où les murs avaient des oreilles. Son histoire était cependant curieuse. Faire appel à un endetté, quelque soit la dette, était une bonne idée si on lui permettait de la laver si simplement, mais il y avait tout de même de meilleurs compagnons de soirée… Cependant, il ne put retenir un léger rire lorsqu’elle lui avoua, sans se faire prier d’ailleurs, qu’elle n’aimait pas ce genre de soirée. Oh il la comprenait parfaitement ! Ce n’était, en réalité, pas sa tasse de thé non plus d’autant qu’on finissait souvent par tenter d’obtenir des faveurs qu’il ne daignait pas offrir à n’importe qui. Seigneur de la terre, puissant roi, les nobles le sollicitaient immanquablement, cherchant le bénéfice, et, immanquablement également, ils l’ennuyaient et le fatiguaient jusqu’au point de non-retour sans qu’une seule fois il ne se départît de son sourire. Il préférait la compagnie d’individus comme Sesthia ou Yan, bien qu’on ne lui donna que rarement l’occasion de choisir ses interlocuteurs. Ainsi allait sa charge, ni pire ni meilleur que celle d’un autre quoi qu’on en dise. Et non seulement il n’aimait pas les bals, mais celui-ci était particulièrement éprouvant pour ses nerfs.

« Je vous comprends parfaitement, je ne les apprécie pas non plus »

Un mal nécessaire aurait dit sa mère. Il l’observait avec attention, essayant de deviner ce qui n’allait pas, car plus les minutes s’écoulaient et moins elle semblait sereine, quoi qu’elle se contrôla admirablement bien. Il aurait souhaité pouvoir l’aider, mais en l’état prendre l’air était l’unique chose qui aurait peut-être un effet bénéfique. La réponse du nain ne se faisant pas attendre, il sourit de nouveau, ravi et proposa galamment son bras à la jeune humaine, prenant la direction de la sortie la plus proche sans se faire prier. Après tout, jamais un elfe ne refuserait d’aller s’ébattre à l’extérieur et lui encore moins, il adorait la nature. Surtout à l’état sauvage il était vrai, mais il ne la méprisait nullement lorsque des êtres pensant s’en occupaient, tant que cela était fait avec délicatesse et bienséance. Il avait déjà eu dans l’idée de s’isoler à l’extérieur auparavant, et seule l’envie de contempler un peu les êtres présents l’avait retenu. A présent, cependant, avec une si bonne excuse et une compagnie si agréable, il n’allait certainement pas se faire prier. Athië les suivant, il accueillit l’air frais et nocturne de l’extérieur avec un soupir de soulagement. La rumeur des conversations bruissait, étouffée par l’immensité de la voûte du ciel et l’éloignement, alors qu’il conduisait ses compagnons à l’écart, encore bien en vue de la fête pour surveiller du coin de l’œil, mais également assez loin pour être tranquilles. A la vue d’un banc de pierre, il proposa de s’asseoir, observant toujours l’humaine.

« Est-ce que ça ira ? Vous aviez l’air fébrile à l’intérieur, qu’est-ce qui vous affecte autant Sesthia ? »

Certes, il ne tenait pas à jouer les commères, mais après tout, son bien-être lui importait plus que le reste, y compris la politesse dû à leur hôte. Il s’agissait d’un simple ordre de priorité.

« Ce n’est certes pas les bois de notre royaume, mais c’est toujours mieux que rien… »

Ils s'en allèrent dehors tous les trois. La soirée était on ne peut plus clémente en vérité. Il faisait plutôt bon pour une soirée d'hiver. Une fois arrivée dehors, le cœur de la jeune fille se fit moins lourd, moins lourd mais pas encore libéré des sentiments qui l'avaient assaillit de toute part. La première remarque du seigneur la laissa un instant dans le silence alors qu'il venait de s'assoir sur un banc dans le jardin. La seconde par contre fit mouche dans son esprit et lui tira un sourire. Un sourire de bonheur, un sourire on ne peut plus joyeux.

« Effectivement. Notre bois est bien plus fourni et de meilleur qualité, sachant qu'on peut aussi y voir des animaux de toutes sortes gambader ou chercher à se nourrir. J'ai eu la chance de pouvoir caresser un faon la fois dernière, c'était magnifique. Malheureusement en cette saison, les arbres ont perdus de leur superbe, mais je le trouve encore très attrayant, ne montrant jamais tous les mystères dont il recèle. Ces bois sont comme magique. »

Elle sourit tranquillement tout en regardant l'elfe à côté d'elle.

« Mais il est vrai que cela fera l'affaire. De toute façon on ne pourra pas retourner chez nous seulement pour discuter, ce serait un peu … trop. »

Sesthia sourit une nouvelle fois. Elle se rappelait exactement les mystères que recelait la forêt de la région des templiers. Ces mystères qu'elle ne dévoilait jamais aux même moments et surtout jamais au même endroit. Avec Aïtan, ils se promenaient souvent, faisant même des entraînements. Enfin Ses s’entraînait, le talano lui se contentait de de jouer aux alentours, venant la voir par moment et repartant aussi vite qu'il était venu. Cela fit sourire une nouvelle fois la jeune fille. Se cœur se fit cette fois totalement plus léger. Submergé par la beauté moins mirifique de ce lieu mais une beauté visible tout même. Elle ressentit alors l'inquiétude sincère du seigneur Orodreth et se dit qu'il serait temps de lui répondre.

« En fait, je suis une empathe. Vous savez, les gens qui s'insinue dans votre cœur sans que vous en ayez conscience. Ces gens qui se permette de ressentir ce que vous ressentez à l'instant. Ce pouvoir intrusif qui ne peut être contrôler. »

Elle se montra alors du doigts.

« Eh bien j'en suis une. »

Elle s'arrêta quelque seconde sentant son propre cœur se serrer.

« Quand je suis dans ce genre de manifestation, je capte tous les sentiments des personnes m'entourant, c'est à dire tout le monde dans ce genre de pièce close, seulement mon cœur ne peut pas résister au fait d'éprouver tant de sentiments d'un coup, sachant que ce ne sont pas les miens en plus. J'ai souvent besoin de m'en aller dans un endroit calme et tranquille pour me remettre avant de replonger dans la mêlée. »

Elle rit de sa propre stupidité, mais un rire pauvre. Maintenant il allait vouloir s'en aller en râlant et pestant que faire intrusion de la sorte dans la vie privée des gens ce n'était pas normal. Elle avait toujours eu l'habitude de ce genre de comportement, quand elle parlait de ce pouvoir. Si seulement il pouvait se rendre compte du fait que ça lui faisait plus mal à elle qu'à eux. Cependant l'histoire était toujours tout autre. Elle s'affaissa un peu, attendant le verdict dont elle pensait déjà connaître l'issu.

Alors que les trois seda se dirigeaient vers le jardin, leur discussion partit sur le thème des bois et de leur magnificence. Yan était bien d’accord et pour cause :

C’est vrai que cette forêt est comme enchantée ! Vous n’me croirez peut-être pas, mais j’y ai croisé, l’autre jour, un homme-loup et un ange qui m’a emmené dans les airs, pour voir la forêt d’en haut, c’était fabuleux…

Évidemment, il passa sous silence la regrettable chute qui s’ensuivit, dans l’eau glacée du lac !

…Ces arbres, ces lacs… Bon ça ne vaut pas les cavernes sculptées par mes ancêtres mais la nature sait faire de belles choses, faut avouer !

Yan finit rapidement ce qui restait de son verre de vin afin d’en récupérer rapidement un autre pour ne pas se déshydrater dans le jardin où, peut-être, il n’y aura rien à boire…

Alors la conversation prit un ton un peu plus sombre. Le seigneur Orodreth et Sesthia parlaient du malaise qu’ils éprouvaient dans ce genre de soirées. Yan, bizarrement, s’y sentait plutôt bien pour une première fois. Il craignait de se retrouver seul, dans l’inconnu, mais finalement, il y croisait quelques « têtes connues » et, l’alcool aidant, l’ambiance générale, l’atmosphère lui semblait conviviale.

Néanmoins, il fût un peu vexé par Sesthia. En effet, celle-ci, certainement sous le charme de son suzerain, n’avait pas daigné répondre à la question du nain. Alors, lorsque Orodreth et Sesthia s’assirent sur un banc. Yan resta debout, pas seulement pour être à leur hauteur mais surtout pour se laisser une « porte de sortie ». Évidemment, il sirotait tranquillement son verre, et, sentant l’alcool lui monter un peu à la tête, il s’adressa à la soldate qui accompagnait le seigneur de Seda.

Et vous, que pensez vous de cette soirée ? Vous devez rester à coté de notre seigneur pour le protéger, j’imagine. Voulez-vous que j’aille vous chercher à boire ou à manger ?

C'était bien la première fois de toute sa vie que Krengar se rendait à une telle soirée. En effet, tous ces nobles, tous ces bourgeois ne faisaient pas partis de ses fréquentations habituelles. La plupart d'entre eux, il refusait tout de même de tous les mettre dans le même lot, n'étaient que des corrompus profitant d'inégalités. Des fils et des filles à papa nés dans de bonnes conditions. Ô non, non, non, Krengar n'était pas jaloux. Avant la morsure il y a plus d'un an qui changea brusquement toute sa vie, il était parvenu à atteindre son idéal de vie. Méconnu de la Noblesse Sedanne durant ses années de simple être humain et reconnu de façon très controversé par le bas peuple, Krengar n'avait pas fait la moindre apparition publique durant toute l'année 105. En effet, le Lycanthrope, jeune de sa condition, avait eu besoin de s'isoler dans les bois pour mieux s'accepter et apprendre à contrôler sa nouvelle forme. A vrai dire, venir ici et se présenter sous l'identité de Krengar n'aurait absolument rien éveillé chez personne. Krengar était simplement son nouveau nom, sa nouvelle identité, celle d'un être humain en symbiose avec la bête au plus profond de son être. Une année entière d'isolement... Cette réception organisée à Charmon n'était-elle pas l'occasion rêvée pour réapparaître aux yeux du monde ? Il n'y viendrait pas en tant que brigand des grands chemins qu'il fut autrefois. Il avait tiré un trait sur cette vie qui ne lui appartenait plus. En vérité, il gardait encore sur la conscience le meurtre de quelques uns de ses plus vieux compagnons lorsqu'il se transforma en bête devant eux la première nuit. Aujourd'hui, il n'était plus qu'un Lycanthrope ayant un certain vécu, un semblant d'idéal mais il n'avait aucune quête à réaliser, pas de ligne directrice. Il lui manquait quelque chose, ce quelque chose qui le faisait se sentir incomplet. Après tout, un véritable meneur d'hommes ne pouvait pas rester plus longtemps dans l'ombre. La solitude de sa nouvelle condition le pesait en quelque sorte. Il était en revanche hors de question de se présenter comme il l'était réellement. Il avait beau tirer un trait sur le banditisme, sa vielle fierté de pouvoir vivre sereinement sans avoir à manger et boire dans la coupe de la noblesse était restée intacte.

Il se présenta alors aux portes de la luxueuse demeure de Charmon où tout était organisé. Krengar portait un pantalon noir, une paire de bottes brune et une chemise en lin bleue, entrouverte au niveau du col. L'idée était de passer pour un simple bourgeois et jusqu'à présent, c'était plutôt réussi. Le véritable risque de sa tenue résultait dans son visage. Il ne négligeait pas le fait de rencontrer une personne ce soir-là qui aurait connu Rhomyr, son identité humaine, plusieurs années auparavant. Ainsi, il décida d'opter pour un masque blanc. Ce dernier était de fracture vraiment très simple, on ne décernait ainsi que ses yeux de couleur or au travers. Machinalement, Krengar s'annonça devant les gardes de la demeure luxueuse.

Bien le bonsoir, Messieurs. Permettez-moi de m'annoncer. Je suis Grégoire d'Odélian, richissime marchand d'armes de Carathiel.

Si les gardes vérifièrent bien la liste des invités, un homme portant le nom de Grégoire d'Odélian existait bien. Cependant, le véritable Grégoire ne se présenterait jamais à la réception. En effet, Krengar l'avait enlevé quelques jours avant alors qu'il était en chemin de Carathiel jusqu'à Charmon. Le gros porc, puisque c'était quelque part ce qu'il était, n'avait pas besoin de venir ici pour importuner la gente féminine et se goinfrer encore un peu plus. Le fameux marchand d'armes d'Odélian était reconnu à Carathiel pour faire de bonnes affaires mais en se penchant plus sur son cas, il n'était pas très difficile de découvrir qu'il trempait dans des histoires plus saugrenues. Certains parlaient d'esclavage et quiconque était libre ou non de croire à cette information.

Malheureusement, le masque posait un petit problème et on demanda à Krengar de le retirer. Rusé comme il l'était, Krengar était déjà prêt à parer à cette éventualité. Il tira ainsi légèrement dessus, dévoilant la joue droite de son visage. Les yeux des gardes s'horrifièrent, le phénomène visible put même provoquer des nausées pour le plus fragile d'entre eux. Saviez-vous qu'avec un peu de maquillage, on peut aisément faire croire que l'on est un blessé de guerre ? A priori, on autorisa Krengar à ne pas dévoiler son visage calciné. Le stratagème fonctionna, quelques minutes plus tard, il rejoignit les autres invités. Un serviteur ne manqua bien sûr pas de marquer la venue de Grégoire d'Odélian. Évidemment, ceux qui connaissaient vraiment le gros porc pouvaient déjà comprendre qu'il y avait quelque chose de surprenant. Taillé tel un athlète professionnel, la silhouette de Krengar était tout sauf celle du marchand d'armes. Mais ce n'était qu'un détail, Krengar s'amuserait probablement de ceux qui en tiendraient rigueur. Il avait un certain mépris en réalité pour ceux qui ne jugeaient que par le physique des individus.

Pour le moment, il n'y avait plus qu'à se mêler à la foule, écouter les discussions, brasser des informations croustillantes, gouter au buffet et surtout, rester discret. Après tout, il était venu ici pour cela.

Un jeu d'enfant jusqu'à présent.

Eireen s'ennuyait ferme. Un vieux client, désormais sénile, lui avait déjà tenu la jambe, pendant près d'une demi-heure. Elle en avait salué plusieurs autres, et celui auquel elle parlait désormais était aussi gras qu’inintéressant. Elle se souvenait vaguement de lui avoir vendu une épée, épée dont il avait âprement négocier le prix, sous prétexte qu'il n'y avait pas dix-sept émeraudes incrustées dans la garde mais seulement seize, et que le nombre dix-sept était son porte-bonheur, pas le seize. Bref, en plus d'être gros et con, il était aussi avare qu'un vieux singe.
La jeune femme hochait la tête par moment, pour signifier à son vis-à-vis qu'elle l'écoutait. Mais elle avait depuis longtemps abandonné le flot incessant de paroles insignifiantes pour reporter son attention sur la salle. Quelque chose l'intriguait...

Elle avait connu Grégoire d'Odélian au cours d'une vente aux enchères à Carathiel, sept ans plus tôt. Et comme ils officiaient tous les deux dans le même domaine, ils s'étaient croisés à de nombreuses reprises. Son penchant pour la nourriture et les femmes n'avaient d'égal que son talent pour le marchandage. Sur ce point là, Eireen et lui se supportaient mutuellement, pour tout le reste, ils valaient mieux ne pas les laisser côte à côte plus d'une minute, sous peine de voir la discussion dégénérer en dispute. Le gros marchand détestait les fantômes, donc Eireen, et cette dernière le lui rendait bien. Elle rêvait même du jour où un contrat juteux l'amènerait à lui trancher la gorge...

Mais le Grégoire d'Odélian qui s'était présenté à l'entrée quelques minutes plus tôt n'avait pratiquement rien à voir avec celui qu'elle connaissait, si ce n'est le nom. Et c'est cela qui l'intriguait. Qu'il ait perdu quelques kilos en l'espace d'un mois passait encore, mais que des cheveux soient soudain apparut sur son crâne d'ordinaire chauve, et qu'ils aient atteint cette taille là... c'était étrange non? Peut-être portait-il une perruque... Et pourquoi ce masque? Lui qui aimait tant qu'on le reconnaisse, qu'on le salue comme il se devait, qu'on le félicite sur son entreprise florissante... Étrange, oui, c'était certain.

Elle leva son regard vers son interlocuteur.
- Votre compagnie est charmante, messire. Mais je viens d’apercevoir un très bon ami à moi que je n'ai plus vu depuis des lustres. J'espère que vous ne m'en voudrez pas de vous abandonner quelques instants pour le saluer comme il se doit.
Et elle le planta là.

Fébrile, presque, elle se fraya un chemin au milieu de la foule jusqu'au buffet. Là, elle choisit deux verres de vin rouge, un pour elle, un pour Grégoire, et repartit dans le sens inverse. Le marchand d'armes s'était fait discret - là encore c'était étrange - et écoutait d'une oreille les conversations alentours.
Eireen se présenta devant lui, un sourire factice aux lèvres et lui tendit un verre. C'était un test, Grégoire ne buvait pas de vin, ou bien, le cas échéant, du blanc mais jamais de rouge.
- Grégoire! Quel plaisir de vous voir! Vous êtes resplendissant, et cette nouvelle couleur de cheveux vous va à ravir!

Pas maintenant. Quel curieux manque de chance. Pourquoi fallait-il qu'on s'intéresse si tôt à Grégoire d'Odélian ? Le regard de Krengar était observateur et il comprit relativement tôt que la jeune femme s'avançait dans sa direction. Deux verres de vin dans chaque main... C'était plutôt mal barré. Quelque chose le préoccupait cependant. Elle était bien trop jolie, bien trop ravissante pour choisir d'aborder le fameux Grégoire. Volontairement, il avait choisi une espèce de malotru. Certes, l'apparence corporelle ne correspondait pas du tout et de même pour la chevelure mais tout de même. Qui irait s'intéresser à lui ainsi dans ces conditions ? Eireen était désormais très proche de lui. Était-elle une membre de sa famille ? Tout était envisageable et malheureusement pour lui, il n'avait rien pour faire un choix.

Rien du tout ? Quelque chose clochait. Krengar cligna soudainement des yeux lorsqu'il lui sembla pouvoir regarder à travers Eireen. Était-ce un...? Il huma discrètement l'air dans la direction de la présupposée fantôme et put alors se rendre compte qu'elle en était réellement un. Il n'y avait pas les odeurs que dégagent un corps chaud et surtout bien vivant. En tout cas, l’ectoplasme était un élément hors de portée des nasaux de Krengar. Il décida ensuite que la meilleure façon de la cerner, c'était tout simplement de la laisser s'exprimer en première.

Valentina ! ... Aurore ! ... Non ? Audrey ! Cathalina ? Hum, je suis confus, j'ai une telle difficulté avec les prénoms...

Une réponse très spontanée de Krengar envers Eireen. Évidemment, il n'avait aucun moyen de connaître son identité. En revanche, il pouvait jouer sur des aspects reconnus de la personnalité de Grégoire. Son penchant pour les belles et ravissantes comme elle. Se montrer injurieux comme à son habitude et faire comme si elle n'était qu'une femme parmi d'autres rencontrée ces dernières années. Ce choix tactique ne fonctionnerait pas si Grégoire et Eireen s'étaient rencontrés la veille... Un heureux hasard voulait même que cela se produisit sept ans auparavant pour la dernière fois !

Il restait cependant un tout autre problème. Ce verre de vin, ce piège. Cet élément qui lui prouverait qu'il s'agissait d'une supercherie si Krengar fonçait tête baissée dessus. Le vin rouge était en plus un pêché mignon de l'homme qu'il fut autrefois. Mais il fallait prendre en compte un second heureux hasard. Krengar pouvait prétendre ne pas pouvoir retirer son masque à cause de son visage calciné. Merci le maquillage ! Et pourtant... Ce n'est pas la stratégie pour laquelle il opta. Un peu plus tôt, il avait fait le choix de la laisser s'exprimer en première et de lui répondre une bêtise dans la foulée. Eireen et Krengar savaient quelque chose en commun au sujet de Grégoire : En plus d'être un gros porc sans manières, il était chauve. Pourquoi s'attardait-elle alors avec autant d'attention sur ce qui n'était pas une perruque mais bel et bien une chevelure soignée et élégante ?

Ma chère... Ma tendre... Je ne puis accepter ce verre alléchant. Soyez persuadée que j'en apprécie fortement le rouge de sa belle couleur mais... Il se pencha soudainement vers elle en dirigeant son visage vers son oreille. Les mots suivants, il n'y aurait qu'elle pour les entendre. Les individus ici présent portent tous un masque qui leur colle à même la peau... Je suis simplement plus joueur que la plupart d'entre eux et ainsi, le mien ne peut pas encore tomber...

Si Eireen nourrissait encore l'espoir juste avant cela qu'il puisse être Grégoire d'Odélian, Krengar venait à priori de tous les briser en lui révélant une telle chose.

Le sourire factice et mondain d'Eireen s'effaça dès que Grégoire, ou plutôt celui qui se faisait passer pour lui, eut lâché ces derniers mots. Nul besoin de faire d'effort, ou de continuer plus longtemps à jouer une comédie qui de toute façon était inutile. Elle détestait les mondanités, et moins elle y jouait, mieux elle se portait.

La première réplique du faux Grégoire eut facilement pu être celle du vrai. Son penchant pour les femmes et son aversion pour l'armurière l'aurait d'ailleurs sans nul douter porter vers ce genre de réponse, à la fois spontanée et étudiée, suffisamment fine pour pouvoir être interpréter de multiples façons. En l’occurrence, cela aurait été une marque de dédain: Eireen ne méritait même pas que l'on retienne son prénom, petite chose insignifiante qu'elle était.
La seconde réplique, et ces mots murmurés à son oreille, eux, ne laissaient aucun doute sur la nature de son interlocuteur. Du moins, sur sa non-nature, si ce mot existait. Grégoire n'était pas Grégoire; c'était un imposteur. Qui? Pourquoi? Comment? La jeune femme s'en fichait éperdument, le simple fait d'imaginer le gros marchand potentiellement ligoté quelque part, la remplissait d'aise.
Elle but son verre d'un trait et le déposa, avec l'autre encore plein, sur le plateau d'un serviteur qui passait. Puis, à son tour, elle se pencha vers l'inconnu.
" Vous me voyez ravie, Monsieur, de constater qu'un être aussi abject que Grégoire d'Odélian, n'a pu se joindre à nous ce soir. Et j'espère sincèrement, que la "maladie" - si vous me permettez ce terme - qui le retient chez lui, ce soir, le retiendra un peu plus longtemps que prévu. "

Un instant, Eireen fut prise d'un doute. Et si le gros marchand avait simplement envoyé un valet pour le représenter lors d'une soirée dont il n'avait cure? Non... Cela n'était vraiment pas son genre. Existait-il seulement une mondanité qu'il eut souhaité éviter? Sans doute pas.

La jeune femme plongea son regard limpide dans ceux dorés de son vis-à-vis. Les yeux en disaient souvent long sur les gens. Souvent. Et ceux-là n'échappaient pas à la règle. L'espace d'un instant, elle crut y voir quelque chose qu'elle ne s'attendait pas à trouver là, quelque chose de primitif qui n'avait pas sa place là. Mais elle l'ignora. Après tout, comme l'avait sous-entendu l'inconnu, chacun ses secrets...

Eireen lissa machinalement les plumes de son masque. Cela lui rappelait celles de Kaäk et l'aidait à canaliser ses émotions. Quoi que les convives puissent croire, cette réception l'angoissait, la compagnie l'angoissait et elle aurait grandement apprécié de pouvoir compter sur quelqu'un en cet instant précis.
Elle reprit cependant à voix haute, comme si leur précédent échange n'avait pas eu lieu:
" Vous êtes venu voir quelqu'un en particulier, mon cher Grégoire? Une admiratrice? Le maître des lieux? "

Sa curiosité était intacte mais elle ne souhaitait pas mettre mal à l'aise l'imposteur. Sa propre expérience de ce genre de réception lui permettait toutefois de maîtriser sa curiosité et de rendre ses questions les plus banales possibles. Ici tout était question d'apparences. Et si l'un comme l'autre se cachait derrière des masques, ça n'était pas pour rien.

Eireen abandonna à son tour son jeu et cela ne déplaisait pas du tout à Krengar. Il se surprit même à sourire, chose qu'elle ne put malheureusement pas voir car son masque couvrait même sa bouche. Elle partagea même ses réelles pensées avec lui au sujet de Grégoire d'Odélian. Celles d'un être abject à qui elle souhaitait une sévère maladie. Si à ce moment-là, Krengar ne rétorqua rien, il n'en pensa pas moins. Il n'était pas un tortionnaire et irait libérer Grégoire lorsque cette soirée serait terminée. Dans le cas contraire, on finirait bien par le retrouver quand même.

Son interlocutrice avait quelque chose de très troublant. Quoi, parce que c'était un fantôme ? C'était peut-être cela. Le Lycanthrope avait pris l'habitude de sentir les odeurs des gens et ce, en toute discrétion. Cela lui paraissait donc étrange de ne pouvoir se fier qu'à son ouïe la concernant. En quelque sorte, cette femme fantôme pourrait lui filer entre les griffes dès qu'elle en aurait envie. Peut-être n'appréciait-il pas cela ? Lui qui par nature eut l'habitude de contrôler un minimum les choses et le cours de sa vie.

Il lui rendit ainsi son regard, plongeant lui aussi ses yeux dans les siens. Ce n'était pas vraiment un regard intéressé par quelque chose, voulant dire par là sa condition de femme et lui d'homme à une réception mondaine dans l'espoir de conclure quoi que ce soit. Non, c'était quelque chose de plus sympathique. Après tout, elle avait démontré à Krengar son intelligence et avait fait le choix de ne pas dénoncer la supercherie. Le Lycanthrope aurait été bien gêné d'être arrêté dès maintenant pour usurpation d'identité. Au fond de lui, cela le faisait bien rire. Tous ces gens se parlaient entre eux sans prêter attention à ce qu'Eireen était parvenue à remarquer. Krengar aurait pu être un serviteur du mal, un être malsain là uniquement pour semer un trouble sans précédent durant cette soirée... Chance pour eux, ce n'était pas le cas.

Il la regarda ensuite jouer d'une façon plutôt nerveuse avec la plume de son propre masque. Était-ce lui qui la rendait nerveuse ainsi ? Après tout, elle s'était intéressée dès le début à celui qui était sous ce masque en ayant la certitude qu'il ne s'agissait pas de Grégoire d'Odélian. Cependant, elle ne posa pas plus de question à ce sujet-là. Elle lui montrait par là qu'elle respectait son semblant d'intimité et pour être honnête, il appréciait beaucoup cet état de fait.

Mes amis habituels ne sont pas ceux qui fréquentent ce genre de soirées mondaines. Cependant, il y a fort longtemps qu'un individu n'a pas organisé une telle réception en invitant les dirigeants et les responsables des quatre royaumes. Je suis seulement là pour entendre ce qu'il y a à dire et agir en conséquence.