Le monarque était revenu, sa compagne n’ayant toujours pas choisi les tenues pour leur petite fille adoptive. Il contempla alors la boutique avant de la prendre dans ses bras lorsqu’elle s’était rapprochée. Il sourit à sa demande et lui souffla sa réponse également pour ne point être entendu par la couturière.
« Tes désirs seront des ordres, nous irons en fin d’après-midi, elle a aussi besoin d’air frais cette petite. »
Drew lui caressa alors la joue, mais fut surpris par la couturière qui revint alors, n’ayant le temps de lui donner un frais baiser sur les lèvres, la tentation le démangeait cependant. Le monarque s’approcha alors des robes pour les examiner, certes il n’était point un expert pour les choisir, mais il eut un coup de cœur, la couleur verte s’allierait à merveille avec la chevelure de l’enfant, même si celle-ci ressemblait plus à un duvet que des vraies cheveux. Néanmoins, quand il fut question de prix, le suzerain préféra se retirer. Sa femme devait apprendre à se débrouiller sans qu’il intervienne, de toute manière l’argent, il ne le comptait pas réellement lors de ses dépenses personnelles. C’était une autre histoire pour celle du royaume, examinant avec attention chaque pièce sortant du coffre. Il les avait remplis en prévision d’une guerre, ce n’était le moment de les vider dans des broutilles.
Le retour au palais fut silencieux pour les deux amants, moins pour le peuple qui reculait sur leur passage, avec un mélange d’admiration et d’incompréhension. Néanmoins, comme redouté, des affaires urgentes avaient besoin d’être réglées. Il en fut désolé pour Skein, bien que le travail l’attende, cela en rajoutait un peu. Lui donnant un baiser devant la porte de leur appartement, il sourit à son affirmation.
« Merci de m’écouter, dans l’antichambre, il y a un petit balcon si vous souhaitez prendre l’air avant mon retour. Prends soin d’elle. Je ferai au plus vite. »
Drew suivit alors son valet, anxieux de connaitre ce problème urgent. En entrant dans la salle, il n’y avait que peu de conseiller, mais surtout un coursier et un avocat. Les sourcils du monarque se froncèrent ayant peur du pire. Son premier conseiller n’était d’ailleurs là, étrange. L’avait-on prévenu ? Surement, mais il n’avait eu le temps de se libérer. Perplexe, le souverain prit place, donnant ainsi la parole au conseiller des affaires étrangères.
« Majesté, une curieuse lettre nous a été apportée de la part du corps funéraire. Ils ont trouvé l’enveloppe dans les sacoches de la Reine. Elle est troublante à vrai dire. »
Drew arqua alors un sourcil, il savait ce que disait cette lettre. Mettant son masque, il prit une mine attristée, prêt à fondre en larme.
« Lisez la donc… »
Sa voix était terne, morose, il pourrait en vieillissant se reconvertir en acteur de théâtre sans trop de difficulté. Le conseiller prit alors cette dernière qui comportait le cachet de la reine d’oshury.
« Puisque vous insistez, voici les quelques lignes de cette lettre fort courte. La trahison est un crime, l’amour également. Mais la vengeance est un met se dégustant, apprenant alors à savourer les moindres aromes. Votre femme a péri par votre faute, votre peuple également. C’est tout ce que cette missive contient, elle est signée d’Elia en personne, Altesse. »
Drew eut un léger sourire durant la lecture qu’il avait rapidement réprimé pour ne point se sentir coupable. Aenima avait fait un travail magnifique, il n’oublierait point de la récompenser pour cela. Son plan était en marche.
« C’est la guerre que ce peuple cherche, je ne connais la raison de sa vengeance. Et je m’en moque bien. Nous avons perdu une Reine de grande valeur, et j’ai dû ouvrir mon cœur à nouveau pour ne point laisser cette couronne sans héritier. Puisqu’ils souhaitent la guerre, nous la préparerons, l’heure a sonné, la raison a été donnée ! »
L’entourage du monarque connaissait fort bien ses envies de conquêtes sans en comprendre la raison. Oshury n’offrait grand-chose, juste des minerais précieux pour le forgement des armes, armures et instruments… Cependant, personne n’osa l’interroger. Drew se leva, un air presque triomphant sur le visage. La journée se concluait sur une note positive, ses esprits guerriers s’enclencheraient avec les jours.
« Majesté, réfléchissez aux conséquences de vos actes, nous ne pouvons rentrer en guerre sans vous avoir marié ou enterré l’ancienne Reine. »
Drew s’esclaffa alors, perturbant l’assemblée qui le fixait avec des yeux rivés. Etait-il fou ? Les apparences le laissaient croire.
« La Reine sera enterrée, une autre sacrée, n’ayez crainte, nous en rediscuterons très prochainement. Bonne soirée Messieurs. »
Le monarque de Ciend ne revint de suite vers ses appartements, il bifurqua plutôt vers son antre personnel, cachant ainsi la lettre d’Aenima, et tout acte la concernant. Le feu flamba, l’illustre personnage prit place dans un fauteuil et s’endormit.
Quatre heures étaient passées lorsque Drew reprit ses esprits, la pièce était plongée dans le noir, il avait oublié Skein. Presque affolé, il tenta de réduire son masque, mais ne montra aucun signe de victoire envers la nation du feu. Remontant dans sa chambre, il découvrit, baigné dans les leurs orangés les deux femmes. S’approchant doucement, il posa sa tête sur l’épaule de la jeune femme pour admirer l’enfant mangeant son nouveau jouet. Fort bien réussi, Skein avait réellement des doigts de fée. Prenant le nourrisson, il fut déstabilisé par la question de sa future épouse, il balbutia alors.
« Très bien passé, une broutille au final, ils auraient pu le régler sans ma présence. »
Les traits du visage du monarque se durcirent alors et il éleva la voix envers la petite qui pialait joyeusement.
« Engel, arrête de suite, on ne met pas à la bouche tout ce qu’on touche. »
La petit se stoppa nette et se mit à pleurer. Drew la regarda, elle avait lâcha la peluche qu’il lui prit alors pour la poser sur le lit avant de la calmer doucement. Il avait encore du chemin à faire avant de se montrer autoritaire sans l’effrayer.
La famille se dirigea alors vers les jardins privés, Drew garda la petite dans les bras qui maintenant s’amusait avec la chaine que son père portait. Néanmoins, il eut le courage de la lui retirer et lui attacha alors au cou, pour qu’elle ne la perde. Ces deux jours furent remplis de rebondissements, d’erreurs et de tâches du passé. Etait-ce cela la vie ?