« Pourquoi je passe toujours par ce chemin, suis-je si stupide ? Il m’est arrivée tellement de choses par ici, trop même, des bonnes et des mauvaises. La neige était fortement tombée d’ailleurs le mauvais jour… Mais n’y pensons plus et concentrons sur la route mon vers de terre. »

Andraha regarda l’animal qui était sur son doigt, n’importe qui l’aurait pris pour folle, n’importe qui aurait pu l’attaquer dans cet instant de vulnérabilité. Regardant alors la lisière de la jungle, elle soupira, pourquoi ne pas voler après tout ? Peut-être parce qu’elle n’en avait point envie et qu’elle aurait besoin d’énergie pour se rendre encore jusqu’à Pyroung. Destination finale pour assouvir sa vengeance, cependant, elle devait se concentrer sur sa route et trouvait une refuge pour la nuit qui s’annonçait rapidement. En effet, elle avait quitté tôt Carathiel et avait un volé pour rallier au plus vite cette jungle où tant de souvenirs revenaient à elle. Le reverrait-elle d’ailleurs ? Elle espérait un peu, car leur dernière rencontre avait été si étrange.

Les minutes passèrent alors rapidement, l’ange s’enfonça dans l’épaisse couche d’herbes, dans les arbres aux multiples lianes et dans les marécages qui bordaient certains chemins de terre. Le ciel s’assombrissait un peu plus, au loin, elle entendit une hurlement de loup. La nuit ne serait point calme songea-t-elle alors, une main sur sa dague prête à la dégainer pour affronter toute créature sauvage. C’est alors que des bruits se firent plus près de l’ange, des bruits relativement silencieux mais elle resta sur ses gardes. Fronçant les sourcils, elle cria alors doucement pour faire sortir l’inconnu des feuillages qui le camouflait.

"Qui va là, montrez vous donc avant que je ne tire !"

Andraha essaya de se concentrer pour activer son pouvoir à n’importe quel moment si le dangers était réellement trop présent. Cependant, elle avait bien du mal quand elle entendait tous ses bruits de pas d’animaux et d’humains certainement. Elle ferma donc els yeux, sa dague dans une main, son arc de l’autre déjà chargé pour décocher une flèche si le dangers se rapprochait encore. Elle visualisa le visage des êtres qu’elle aimait mais sans succès, sa dématérialisation ne se fit point. En effet, les bruits étaient trop présents à son esprit. Reniflant l’air ambiant, elle sentit alors une odeur de loup ou de chien, elle ne savait que trop. Néanmoins quelque chose la surprit, c’était la présence d’une telle bete dans cette partie-là de la région. Est-ce Kranneg ? Elle en doutait sinon il aurait eu une apparence humaine au vue de leur dernière expérience.

Ouvrant les yeux d’un coup sec, elle eut la mauvaise surprise de voir un loup d’une taille plutôt imposant se tenir près d’elle, un lapin dans sa gueule. Elle prit peur un court instant et pointa son arme sur la bête sans pour autant l’attaquer. En effet, il n’avait pas l’air si agressif que cela bien que son apparence était impressionnante. Un moment, Andraha s’approcha un peu et hésita à le caresser pour tester la douceur de son poil mais se retint alors. Essayant de se calmer, l’ange écouta l’animal qui venait de parler pendant qu’un oiseau arrivait sur son épaule, elle fut d’autant plus troublée mais essaya de ne point le montrer pour éviter que la bete en profite pour la croquer. Le pensée était fort ironique mais décrocha un franc sourire sur le visage de la petit blonde ailée. Ne sentant que le changement du vent, elle n’entendait plus les autres bruits et décida donc de répondre à l’inconnu qui se trouvait devant ses yeux.

« Je suis Andraha Seme, ravie de vous connaitre bien que votre forme est eu conforme aux rencontres courtoises. En tout cas, rare de voir un loup-garou dans ces barrages, la chasse ne doit pas être aisée dans un pareil environnement. »

Elle se retourna alors quand elle vit le loup faire quelques pas sur el coté, elle ne comprenait pas vraiment ce qu’il essayait de faire mais si une bagarre devait éclater, elle voulait le voir arriver. Elle harponna un peu mieux son arc et fit volte-face pour se trouver nez à nez avec un parfait étrangers qui avait une forte allure de bandit. C’était le comble du siècle aujourd’hui niveau des rencontres, trop même pour que cela reste une simple coïncidence. Soupirant alors, elle écouta l’individu s’exprimer toujours menaçant bien que sa phrase venait de la faire rire. Lui aussi se rendait à Pyroung, la route serait moins solitaire pensa-t-elle alors, se pinçant les lèvres et ne faisant plus attention au loup.

« Pyroung, je m’y rends justement et la flèche vous percera si vous faites un geste regrettable, à vous de choisir, votre destin se trouve entre vos mains comme toujours… Qui êtes-vous au fait ? Vous semblez plus à un bandit des routes qu’autre chose. Pourquoi nous vous tuerons-nous pas ? »

Elle prit une inspiration et le fixa alors un regard noir dans ces yeux, elle avait un peu peur qu’une bataille éclate entre eux trois et qu’elle ne s’en sorte avec son enfant indemne.

« Qu’allez-vous faire d’ailleurs dans la capitale du feu alors que vous ressemblez fort à un homme de Ciend ? »

L’ange qui scrutait de plus près l’inconnu remarqua d’étranges parcelles translucides sur son corps. Serait-ce une illusion qui servirait à les distraire pour une futur attaque de bandit ? C’était une piège comme un autre, plutôt bon d’ailleurs même excellent car il fallait bien connaitre la magie et une partie de la nécromancie pour arriver à pareil résultat. Réfléchissant et pas assez à son gout, l’ange essayait d’évaluer les faiblesses de son adversaire si ce dernier décidait d’attaquer. Alors que des bruits de pas se faisaient à nouveau, sa confirmation et sa pensée lui fit peur, mais au final elle vit passer un louveteau. Sa mère ne devait pas être très loin, assez mauvais pour eux si la louve venait à els trouver avec son bébé. Essayant de se rassurer, l’ange scruta son adversaire, la deuxième possibilité était qu’il était un fantôme comme on pouvait en croiser dans la capitale de l’air. Dans ce cas, un simple bandit était facile à tuer… Ou non car attaquer un fantôme n’était pas une mince affaire surtout s’il n’était né ainsi. Pourquoi tant de tracas en si peu de temps ? Les personnes ne pouvaient-ils pas passer leur route et se débrouiller par eux-mêmes ? D’ailleurs il y avait un village non loin où il pourrait demander sa route sans effrayer les passants de ses fourrés.

Elle n’avait répondu à l’homme qui vivait d’après ces dires à Falcon, bien étrange qu’elle ne l’avait toujours pas croisé dans les rues ou alors est-ce celui qui était recherché pour de nombreux cambriolages en tout genre ? Elle ne croyait trop à son jeu de bouffon ou tout personnage qui était dans le cirque, ce personnage ne lui inspirait moins confiance et s’étant rapproché du loup, elle entendit sa proposition. Elle était curieuse comme toujours de voir la tanière d’un tel être.

« Je suis bien d’accord pour votre proposition, mais je ne sais toujours pas comment vous vous nommez… »

Elle frissonna à cause du froid qui venait de les envelopper, la nuit tombait doucement, et l’ange n’était pas très habillée il faut dire ou moins chaudement que nécessaire. Elle avait la tête courte car en effet, elle se rappelait que le loup lui avait décliné son identité, mais elle avait mal entendu et ne voulait pas écorcher son prénom.

Se retournant à nouveau vers Ael, elle le regarda une dernière fois son arc toujours à la main, elle n’avait réellement pas confiance en cet être.

« Pourquoi les auberges de Falcon en vous plaisent pas ? Pourtant les troubadours dans votre genre sont souvent dans les meilleurs pour continuer leur cirque même le spectacle finit… »

Elle essayait de l’amener à lui faire un faux pas mais cela ne serait pas chose aisé. Se rapprochant encore plus du loup où elle put toucher sa douce fourrure, elle était heureuse de lui suivre et qu’il soit là au cas où.

« Et bien mon ami, autant partir dans votre tanière avant que je ne décide de me lâcher cette flèche, cela serait bien malheureux que l’un de nous soit blessé, n’est-ce pas ? »

L’ange était vraiment tête en l’air, elle n’arrivait pas à imprégner le prénom de ce loup-garou. Sym’ était une parfaite alternatif. Le regardant, elle rangea son arc mais encore méfiante du troisième personnage qui les suivait sur la route. Il fermait la marche ce qui l’agaçait encore plus, mais elle ne comptait déployer ses ailes dans une zone si petite de la jungle, le feuillage, la végétation ne l’aidaient point. Elle les aurait abimées bien trop vite et c’était encore des lunes d’immobilisation alors qu’elle en avait besoin pour finir son voyage jusqu’à Pyroung, si elle s’en sortait vivante.

La marche fut un peu longue, elle décida alors à se retourner pour laisser Ael passait devant elle. Elle était trop angoissée de savoir un homme pareil derrière son dos… S’il était comme les autres, il n’hésiterait pas à la tuer comme cela, avec une dague, un travail efficace et propre comme de nombreux assassins. La nuit était totalement tombée, les rayons lunaires tapaient sur le teint de l’ange qui semblait comme morte face à une couleur marbre. Andraha lança alors à Sym’ qui avait décrit sa tanière.

« Et que mangerons-nous ce soir ? Car, pas que je suis impolie, mais ce lapin semble très petit pour trois dont deux hommes costauds. Vous souhaitez que j’aille m’occuper d’une petite partie de chasse et que je vous rejoigne plus tard ? »

La proposition lui permettrait de réfléchir et de chercher ce village à la serveuse blanche pour se reposer dans un endroit convenable bien que la nuit était là et que les recherches seraient compliquées. La nervosité augmentait un peu plus mais se calma quand l’ange trébucha sur une racine. Elle tomba à terre dans un bruit sourd et un « aie » aigu. Elle ne faisait jamais attention où elle mettait les pieds, mais il semblait que la tanière du lycan soit devant elle, le ruisseau était présent, le chêne aussi.

Andraha qui suivait le troupe fut enchantée de ce spectacle féérique. Le ruisseau, les lucioles. Il ne manquait plus qu’un feu pour agrémenter la soirée. Cependant, son ventre gronda une nouvelle fois, elle devrait faire avec, ce n’était que l’histoire d’un repas après tout, normalement, demain, elle aurait trouvé ce petit village qu’elle cherchait tant à rejoindre pour y passer une journée supplémentaire avant de prendre la route de la capitale du feu. Capitale qui ne l’enchantait guère, mais si elle savait le destin que les Dieux lui réservaient, elle changerait d’avis bien rapidement. Soupirant presque de lassitude de ce genre de pensées, elle se concentra sur ce paysage magnifique. Touchant l’eau du bout de son doigt, malgré la saison, elle était presque tiède, cela lui donna une envie soudaine, se tremper tranquillement les pieds en attendant que ce lapin cuise. Cependant, ce ne fut point le cas de cet Ael puisque ce dernier préféra déjà se reposer. Au moins, elle aurait la soirée plus tranquille, en espérant que le garou ne se décidait pas également à le rejoindre la laissant seule devant ce repas.

« Ce lièvre suffira vous avez bien raison, de toute manière, ce n’est l’histoire que d’une nuit normalement. On en profitera pour mieux se connaitre à moins que tout le monde me fausse compagnie pour rejoindre une fourrure et s’endormir bien profondément. »

Elle eut un petit sourire en regardant le garou qui ne semblait suivre pour le moment cet homme qui ne lui inspirait guère confiance. Ramassant quelques brindilles au passage, elle fit le tri entre celles mouillées et les sèches. Prenant par la même occasion deux pierres pour allumer le tout, l’archère ne savait comment enflammer son tas de bois, à vrai dire, c’était la première fois qu’elle faisait une telle chose puisqu’à son habitude, elle avait toujours une personne domptant la magie du feu pour ce genre de besogne.

« Bon, je m’occupe du feu et de faire cuir ce lapin si j’ai bien compris, toujours la même chose, les femmes aux fourneaux. »

Elle eut un petit rire cristallin pour montrer son humour, un peu vaseux, il faut l’avouer. Commençant à cogner les deux pierres, des étincelles jaillirent mais n’enflammèrent point le tas de bois. Fronçant les sourcils, l’ange persévéra plusieurs minutes avant d’avoir un résultat. Presque triomphante, elle sortit une dague pour découper le lapin et le dépecer. S’appliquant, elle en fit attention à ce que faisait les deux autres hommes. Elle ne voulait les décevoir, ou le décevoir s’il n’y en avait un qui mangeait d’après les dires.

« Le repas sera bientôt près, j’espère que le feu ne vous gêne de trop, il est assez petit, mais suffisamment puissant pour faire cuir ce lapin qui me donne déjà faim rien qu’en le voyant. Mais dites-moi, vivez-vous seul ici ? La vie n’est pas trop monotone au moins ? »

Elle regarda le feu crépitait tout en réfléchissant à ce petit ruisseau qui lui donnait tant envie. Dans l’air, une douce odeur commençait à flotter. Scrutant de plus près la proie, elle vint près du loup-garou, frissonnant à cause du froid qui tombait avec la nuit. Elle vint presque contre lui et s’osa à toucher sa fourrure.

« Elle est forte douce, cela vous gêne-t-il si vous me passiez un peu de votre chaleur corporel, je commence à grelotter avec cette douce brise qui se lève ? »

Andraha ne sous-entendait pas les autres races avec sa question. Elle était curieuse de savoir s’il connaissait la meute ou le clan de Kranneg. Cependant, cela ne semblait guère le cas. Souriante, elle n’en dit plus pour lui faire la surprise, puisqu’il semblait se croire seul au monde dans sa fourrure. Ce qui était faux une fois qu’on avait parcouru ce monde. On voyait de tout maintenant, en fonction des régions, des races étaient plus présentes comme à Orsin, où elle avait pu croiser par exemple un hybride, mi-naga, mi-serpent de mer, voir même des nymphes qui vivaient dans la partie basse, aquatique de la capitale de l’eau. On aurait aussi u prendre comme exemple Ciend avec une population variée d’habitants qui savaient utiliser le vent pour se déplacer tels les sylphes, ou encore les anges bien qu’avec ou sans brise cela ne changeait pas grand-chose à leur déplacement.

Un sourire aux lèvres, l’ange qui caressait toujours la douce fourrure du garou n’avait pas pour autant ouvert la bouche pour lui répondre, elle profitait du silence et du crépitement du feu pour se ressourcer et reposer ses oreilles via une douce mélodie. Cela était exotique et elle n’avait plus froid une fois dans les bras de ce nounours géant. La pensée la fit rire doucement, un rire cristallin qui résonnait et chantonnait avec le roucoulement d’une colombe nocturne. Fermant les paupières, elle se laissa porter, profitant de cette chaleur qui émanait de son corps.

Quelques minutes passèrent encore, la nourriture du feu sentait très bon à présent, rouvrant les paupières, elle vit la brochette que lui tendait son nouvel ami, la prenant avec prudence, elle se redressa légèrement pour éviter de lui coller les poils avec la nourriture qu’elle tenait en main. Cela serait fort dommage, après tout, c’était bien gentil de sa part de lui offrir son corps ainsi au lieu de lui donner une couverture en fourrure ou une peau tout simplement. Mordant dedans avec presque charme, cela était la première fois qu’elle mangeait ainsi avec les doigts. Elle n’avait osé prendre sa dague pour découper en petit morceau ce lièvre bien roti.

« Tout à l’heure, quand je parlais de solitude, je parlais des autres personnes de votre espèce, vous n’en connaissez point dans les barrages ? Si c’est le cas, avez-vous pensé à visiter un peu plus vos terres, je suis sûre que vous croiserez quelqu’un comme vous. Je ne pense pas que vous soyez unique bien que cela laisserait un petit charme qui serait attiré plus d’une femme. »

Elle lui fit un clin d’œil et prit une autre bouchée, mâchant tranquillement. Après tout, l’archère avait tout son temps et toute la nuit bien que la marche l’attendait déjà pour demain. Pyroung… Une ville bien fantastique aux premiers regards, mais elle n’avait pas vécu de superbes rencontres là-bas. Cependant, elle se décida au final à lui conter ses voyages, en espérant revoir l’autre personnage qui était parti se coucher. Elle le sentait bien espiègle pour les espionner un peu. Ainsi l’appela-t-elle avant de se lancer.

« Venez-vous donc vous joindre à nous, des histoires vous tentent avant que nous sombrions dans les bras de la douce déesse de la nuit ? »

Elle se remit alors contre le garou, la fraicheur tombait de plus en plus sur la jungle. Cela était presque étrange mais c’était surement dû à l’humidité y régnant.

« Mes ailes m’ont conduite dans divers endroits, certains magnifiques d’autres moins. Je vais garder mes lieux de désastres pour la fin, je pense et cela évitera que vous vous ennuyez de ces détails peu importants, même si cela n’est que mon opinion, d’autres vous diront bien le contraire. Mes ailes durant cette saison m’ont d’abord emportée vers la contrée de l’eau avec  leur si réputée capitale, Orsin. Là-bas, le paysage est vraiment féérique, de l’eau à perte de vue, avec des villages construits soient sur les rives, soient sur des nénuphars. Orsin même est sur une plante aquatique géante, reliée à la terre via sa tige. Une partie de la ville reste terrestre, permettant ainsi à de nombreuses personnes ne pouvant respirer sous l’eau d’y séjourner tranquillement. L’autre aquatique, je n’ai pu en voir que les contours en m’approchant de l’eau et de la rue qui y mène mais sans plus, il faudrait d’ailleurs qu’un jour, je puisse rencontrer un magicien assez puissant pour me permettre de respirer sous l’eau via un sort éphémère, juste par simple curiosité. »

Elle se tue alors, et regarda le garou dans les yeux, avant de lui caresser le bras et de s’enfoncer contre son torse pour être bien au chaud. Le feu cessait déjà de donner de sa chaleur.

« Ma deuxième contrée visitée fut la vôtre, Carathiel n’a rien d’extraordinaire à mes yeux, mais ses alentours dont le canyon sont à vous couper le souffle. Du canyon, de la plus haute roche, vous pouvez admirer la mer qui s’étend à perte de vue et notre continent entier. Imaginez-vous un peu de voir Charmon de là-bas, une ville ridicule d’une si grande hauteur. Si un jour vous vous promenez dans le coin, faites y un tour, par contre attention, ne pas pratiquer durant un orage, cela a failli me couter la vie. »

Elle eut un petit rire et scruta maintenant les étoiles tout en réfléchissant, elle avait bien des questions à lui poser, sa curiosité commençait déjà à la titiller.

« Et vous, qu’avez-vous vu depuis votre naissance ? Avez-vous au moins voyagé en dehors de cette jungle ? Connaissez-vous le village de la serveuse blanche ? »

Andraha n’avait point refusé l’autre partie du lièvre, elle s’étonnait même d’autant manger. La marche l’avait-elle autant fatguée ? Il y avait de grandes chances, après tout, elle n’avait pris le temps ses derniers jours d’avoir une bonne collation, toujours à grignoter, à droite, à gauche. Souriante alors tout en mangeant cette dernière partie, elle se sentait bien contre le loup, en sécurité. Elle n’avait plus peur de cet homme qui devait déjà dormir. Mais après tout  ce dernier avait fort  raison de se laisser porter dans les bras de Morphée puisque la nuit avait déjà parcouru un bout de chemin dans le ciel. Elle devrait faire de même pour partir à l’aube vers le village de la serveuse blanche. Tout d’un coup, alors qu’elle avait fini de prendre la parole, la  forêt devint bien silencieuse. L’avait-elle blessé ? Elle était spécialiste des gaffes, mais ne pensait guère avoir fait de mal en lui retournant en quelque sorte la question qu’on lui avait posé, ni de l’avoir mis mal à l’aise avec sa révélation. Après tout, elle ne l’avait pas encore vu sous forme humaine, mais il ne devait point être hideux. Mais bon, c’était le gout de chaque femme qui était changeant, il n’y pouvait malheureusement rien. Finissant alors sa pièce, tandis qu’il brisa le silence, elle ne savait que dire, ses paupières se fermèrent alors. Elle commençait à somnoler dans les bras de ce géant. Passant une main dans sa fourrure, Andraha se redressa pour le regarder dans les yeux.

« Tu n’es point un monstre d’entendre les animaux, c’est un don formidable je trouve. Tu devrais même patrouiller un peu plus dans cette jungle  et au-delà, tu serais je pense fort surpris des êtres qui pourraient te ressembler. Tu n’es pas le seul à pouvoir parler aux animaux ainsi. Je pense que cela pourrait te faire du bien, tu ne te sentirai pas comme le vilain petit  canard qui devient par la suite un beau signe, ce que tu es déjà, par métaphore. »

Elle lui sourit sincèrement avant de descendre du lit de mousse et de regarder le feu qui laissait échapper une petit fumée. L’ange se mit alors à bailler un peu, regardant son ami, elle ne savait si sa taverne était assez grande pour eux trois ou non.

« Tu me tiendras chaud pour cette nuit ou non ? Je dois partir à l’aube pour rejoindre Pyroung par contre, donc je risquerai de te reveiller, mais si cela ne te gêne pas… »

La jeune femme suivit docilement le loup jusqu’à sa demeure, un tanière, pour un animal cela restait logique bien qu’il soit garou, il aurait pu aussi posséder une réelle maison, mais il ne semblait aimer sa forme humaine. Après tout, heureusement, car il était doux avec sa fourrure, chaud, réconfortant et protecteur dans cette forme. Elle ne pouvait guère lui tendre la main pour se rassurer sur le peu de chemin qui séparer les deux positions. En effet, la nuit bien tombée laissait échapper quelques bruits inquiétants de bêtes nocturnes rodant dans les parages. Néanmoins, elle se serra un peu plus contre lui et passa une de ces mains sur ses épaules qui bougeait au grès de ces pas. Elle n’avait jamais eu guère le temps de pouvoir observer un loup en marche, et cela était presque fascinant de voir les muscles que ce genre de bête pouvait avoir. Après tout, il devait bien chasser, le seul moyen était de courir sous forme animal.

Les minutes s’écoulèrent rapidement, ils arrivèrent alors à la tanière, elle était proche, mais l’ange avait eu du mal à rentrer dedans à cause de ses ailes prenant alors trop de place et de volume. Après deux essais, elle fut rentrée, l’espace était respectable, l’homme semblait déjà dormir depuis un moment, elle s’en voulait de ne point avoir partagé son repas avec lui, mais soit, c’était sa décision après tout. Prenant place sur le sol recouvert d’une peau de bête, elle s’allongea et laissa venir le loup contre elle. Sa chaleur l’endormit bien rapidement, elle n’eut le temps de lui adresser une autre parole.

La lumière du jour pénétra par le petit orifice qu’était la porte. Andraha, s’éveilla bien doucement, l’homme n’était pas encore partie, il était en train de se lever. L’ange l’étudia discrètement, et le lassa filer sans poser plus de questions, elle aurait aimé faire un bout de chemin avec, mais l’envie de rester au chaud, lui tenait bien plus à cœur. Laissant le loup se réveiller à son tour, elle lui caressa amicalement la patte qui était sur son flanc.

« Le soleil a l’aire déjà haut dans le ciel ou alors il brille particulièrement aujourd’hui. Je ne devrais pas tarder à partir, je suis bien désolée de vous laisser seul ici. J’espère qu’on aura l’occasion de se recroiser à nouveau. »

Elle se leva alors et sortit de la tanière pour se dégourdir les ailes et les jambes. Le soleil tapait déjà, la marche à pied serait pénible tout comme le ciel avec une telle chaleur. S’approchant du ruisseau, elle passa un coup sur son visage et regarda en arrière avant de revenir vers le loup. Cela lui faisait mal au cœur de le quitter ainsi.

« Je dois partir à présent, mais souvenez-vous de notre conversation, visitez un peu notre univers, vous y découvrirez des choses bien étranges. »

Andraha lui caressa alors la joue comme le pouvait et se blottit contre lui avant de s’en aller à pied vers la contrée ardente, en espérant revoir un vieil ami qui lui devait bien des explications sur la garde dragon et les agissement de cette dernière.